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Shakespeare, William. Le Soir des Rois ou ce que vous voudrez. Traduït par François-Victor Hugo. Dans: Oeuvres complètes de W. Shakespeare. Deuxième Édition. Paris: Pagnerre, 1873, tome XIV Les farces.
- Ortíz Ramírez, Almudena (Artelope)
PERSONAGGES
ORSINO, comte -duc d’Illyrie. |
SIR TOBIE BELCH, oncle d’Olivia. |
SIR ANDRÉ AGUECHECK. |
MALVOLIO, intendant d’Olivia. |
FESTE, bouffon d’Olivia. |
SÉBASTIEN, frère juveau d’Olivia. |
ANTONIO, capitaine de navire, ami de Sébastien. |
VALENTIN, } au service du comte-duc. |
CURIO, } au service du comte-duc. |
UN CAPITAINE DE NAVIRE, ami de Viola. |
LA COMTESSE OLIVIA. |
VIOLA, soeur jumelle de Sébastien, amoureuse du comte-duc. |
MARIA, suivante de la comtesse. |
SEIGNEURS, PRÉTRES,MATELOTS, OFFICIERS, MUSICIENS, GENS DE SERVICE. |
FABIEN, au service d’Olivia |
SCÈNE I.
- donnez-m’en à l’excès, que ma passion- saturée en soit
et expire. –Cette mesure encore une fois! elle
avait une cadence mourante: - oh! elle a effleuré mon
oreille comme le suave zéphir – qui souffle sur un banc de
violettes, - dérobant et apportant un parfum... Assez! pas
davantage! –Ce n’est plus aussi suave que tout à l’heure.-
O esprit d’amour! que tu es sensible et mobile! – Quoique
ta capacité – soit énorme comme la mer, elle n’admet rien
- de si exquis et de si rare – qui ne soit dégradé et dépré-
cié – au bout d’une minute, tant est pleine de caprices la
passion, - cette fantaisie suprême!
moment. – Oh! quand mes yeux virent Olivia pour la pre-
mière fois, - il me semblait qu’elle purifiait l’air empesté;
-dès cet instant je devins une proie, - et mes désirs,
limiers féroces et cruels, - n’ont pas cessé de me pour-
suivre. Entre VALENTIN.
Eh bien? Quelles nouvelles d’elle?
- mais je rapporte la réponse que m’a transmise sa ser-
vante: -le ciel, avant sept étés révolus, - ne verra pas
son visage à découvert, - mais, comme une religieuse cloî-
trée, elle ne marchera que voilée, - et chaque jour elle
arrosera sa chambre – de larmes amères, cédant en tout
cela à son affection – pour un frère mort, affection qu’elle
veut garder vivace – et durable dans sa mémoire atristée.
qui paie à un frère une telle dette d’amour, - combien elle
aimera quand le splendide trait d’or – aura tué le troupeau
de toutes les affections secondaires – qui vivent en elle,
quand son sein, son cerveau, son coeur, - trônes souve-
rains, - seront occupés et remplis – para un roi unique,
son tendre complément! – Allons errer vers les doux lits
de fleurs: - les rêves d’amour sont splendidement ber-
cés sous un dais de ramures.
SCÈNE II.
l’Élysée... – Peut-être n’est-il pas noyé: qu’en pense-vous,
matelots?
sauvée vous-même.
sauvé, lui aussi, par une heureuse chance.
espoir, - je puis vous affirmer que, quand notre vaisseau
s’est ouvert, - au moment où vous-Mème, avec le petit
nombre des sauvés, - vous vous cramponniez à notre cha-
loupe, j’ai vu votre frère, - plein de prévoyance dans le
péril, s’attacher – (expédient que lui suggéraient le courage
et l’espoir) – à un grand mât qui surnageait sur la mer; -
alors, comme Arion sur le dos du dauphin, - je l’ai vu
tenir tête aux vagues, - tant que j’ai pu l’apercevoir.
laisse ntrevoir à mon espoir, - qui s’auotrise d’ailleurs
de ton langage, - un bonheur égal pour lui. Connais-tu ce
pays?
où j’ai été élevé – n’est pas à trois heures de marche de
distance.
était célibataire alors.
n’y a pas un mois – que j’ai quitté le pays; et c’était alors
- un bruit tout frais (vous savez, les petits veulent tou-
jours jaser – des faits et gestes des grands) qu’il recher-
chait – l’amour de la belle Olivia.
a quelques années, la laissant – sous la protection d’un fils,
son frère, - que est mort aussi tout récemment; et c’est
par amour pour ce frère – qu’elle a abjuré, dit-on, la
société – et la vue des hommes.
que mon rang restât inconnu du monde – jusqu’au mo-
ment où j’aurais mûri mon dessein!
aucune proposition, - non, pas même celle du duc.
vent la nature revête le vice – de beaux dehors, je crois
que toi, - tu as une âme d’accord – avec ta bonne physio-
nomie. – Je te prie, et je t’en récompenserai généreuse-
ment, - de cacher qui je suis, et de m’aider – à prendre le
déguisement qui siéra le mieux – à la forme de mon
projet. Je veux entrer au service de ce duc; - tu me pré-
senteras à lui en qualité d’eunuque; - et tes démarches
seront justifiées; car je sais chanter, - et je pourrai m’a-
dresser à lui sur des airs si variés – qu’il me croira tout à
fait digne de son service. – Pour ce qui doit suivre, je m’en
remets au temps; - seulment règle ton silence sur ma
prudence.
ma langue babillera, que mes yeux cessent de voir!
SCÈNE III.
son frère? Je suis sûr, moi, que le chagrin est l’ennemi de
la vie.
heure le soir; votre nièce, madame, critique grandement
vos heures indues.
tiquée.
destes de la régularité.
sont assez bons pour boire, et ces bottes aussi; si elles
ne le sont pas, qu’elles se pendent à leurs propres cour-
roies.
madame en parler hier encore, ainsi que de l’imbécile
chevalier que vous avez amené ici un soir pour être son
galant.
vrai fou, un prodigue.
viole, il parle trois ou quatre langues, mot à mot, sans
livre, et il a tous les dons de la nature.
que c’est un sot, c’est un grand querelleur; et, s’il n’avait le
don de la couardise pour tempérer sa violence querelleuse,
on croit parmi les sages qu’il aurait bien vite le don d’une
bière.
ceux qui parlent ainsi de lui. Qui sont-ils?
tous les soirs dans votre compagnie.
santé aussi longtemps qu’il y aura un passage dans mon go-
sier et de quoi boire en Illyrie. C’est un lâche et un capon que
celui qui refusera de boire à ma nièce jusqu’à ce que la cer-
velle lui tourne comme une toupie de paysan. Allons, fillette,
Castiliano volto: car voici venir sir André Ague-Face.
sence avec vous.
ter, c’est-à-dire de l’affronter, de l’aborder, de la courtiser,
de l’attaquer.
en compagnie. Est-ce là le sens du mot accoster?
mais tirer l’épée!
tirer l’épée! Ma belle, croyez-vous donc avoir des imbéciles
sous la main?
mettez votre main dans la baratte au beurre, et laissez-la
s’humecter.
pas savoir tenir mes mains sèches. Mais quelle est cette
plaisanterie?
doigts; tiens! maintenant que j’ai lâché votre main, je n’en
ai plus.
Quand t’ai-je vu ainsi terrassé?
m’ayez vu terrassé par le Canarie. Il me semble que parfois
je n’ai pas plus d’esprit qu’un chrétien ou un homme ordi-
naire; mais je suis grand mangeur de boeuf, et je crois que
ça fait tort à mon esprit.
à cheval et je retourne chez moi, sir Tobie.
avoir employé à l’étude des langues le temps que j’ai con-
sacré à l’escrime, à la danse et aux combats d’ours. Oh!
que ne me suis-je adonné aux arts!
pas naturellement.
nouille; j’espère même un jour voir une ménagère te
prendre entre ses jambes pour les filer.
ne veut pas se laisser voir; ou, si elle y consent, il y a quatre
à parier contre un que ce ne sera pas par moi. Le comte-
duc lui-même, qui habite près d’ici, lui fait la cour.
homme au-dessus d’elle par le rang, l’âge ou l’esprit. Je
l’ai entendue en faire le serment. Dame! on peut s’y fier,
mon cher.
plus singulière disposition; j’aime les mascarades et les bals
énormément parfois.
pourvu qu’il ne soit pas du nombre de mes supérieurs;
pourtant je ne me compare pas à un vieillard!
que qui que ce soit en Illyrie.
lents derrière le rideau? Risquent-ils de prendre la pous-
sière comme le portrait de mistress Mall? Pourquoi
ne vas-tu pas à l’église en une gaillarde, et ne reviens-tu
pas en une courante? Si j’étais de toi, mon pas ordinaire
serait une gigue; je ne voudrais jamais lâcher de l’eau
qu’en cinq temps. Que prétends-tu? Vivons-nous dans un
monde où il faille cacher les mérites? Je croirais, à voir
l’excellente constitution de ta jambe, qu’elle a été formée
sous l’étoile d’une gaillarde.
couleur flamme. Improviserons-nous quelque divertisse-
ment?
signe du Taureau?
voie faire un entrechat! ah! plus haut! ha! ha!... excel-
lent!
SCÈNE IV.
appelé à un haut avancement; il ne vous connaît que de-
puis trois jours, et déjà vous n’êtes plus un étranger pour
lui.
que vous mettez en question la continuation de sa bien-
veillance. Est-ce qu’il est inconstant, monsieur, dans ses
affections?
Césario, - tu sais tout; je t’ai ouvert – le livre à fermoir
de mes pensées secrètes. – Ainsi, bon jouvenceau, dirige
tes pas vers elle; - ne te laisse pas renvoyer, reste à sa
porte, - et dis à ses gens que tes pieds seront enra-
cinés là – jusqu’à ce que tu aies obtenu audience.
née à sa douleur – autant qu’on le dit, elle ne m’admettra
jamais.
lité, - plutôt que de revenir sans résultat.
que lui dirai-je?
cit de mon profond attachement. – Tu représenteras mes
souffrances à merveille; - elle les entendra mieux de la
bouche de ta jeunesse – que de celle d’un nonce de plus
grave aspect.
reux âge – que de t’appeler un homme; les lèvres de
Diane – ne sont pas plus douces ni plus vermeilles; ta pe-
tite voix – est comme l’organe d’une jeune fille, flutée et
sonore, - et tu jouerais parfaitement un rôle de femme.
- Je sais que ton étoile t’a prédestiné – pour cette af-
faire... Que quatre ou cinq d’entre vous l’accompagnent; -
tous, si vous voulez; car, pour moi, je ne suis jamais mieux
- que quand je suis seul. Réussis dans ce message; - et
tu vivras aussi indépendant que ton maître; - tu pourras
appeler tienne sa fortune.
Lutte pénible! – Faire ma cour ailleurs, et vouloir
être sa femme!
SCÈNE V.
lèvres de la largeur d’un crin pour t’excuser. Madame va
te faire pendre pour t’être absenté.
monde n’a plus à craindre les couleurs.
place et où il ne faut pas craindre les couleurs.
ment vous moquer de celles-là.
et quant aux imbéciles, qu’ils usent de leurs talents.
si longtemps; ou vous serez chassé; et pour vous, ça n’é-
quivaut-il pas à être pendu?
riage; et, quant à être chassé, l’été y pourvoira.
dra; ou, si toutes deux se rompent, à bas les culottes.
où sir Tobie cessera de boire, tu seras le plus spirituel
morceau de la chair d’Ève qu’il y ait en Illyrie.
faites prudemment vos excuses, je vous le conseille.
Les beaux esprits, qui croient te posséder, ne sont souvent
que des sots; et moi, qui suis sûr de ne pas te posséder, je
puis passer pour spirituel. Car que dit Quinapalus? Mieux
vaut un fou d’esprit qu’un sot bel esprit... Dieu te bénisse,
ma dame!
folle ici!
vous; en outre, vous devenez malhonnête.
conseils amenderont; car nourrissez bien le fou, et le fou
ne sera plus maigre; dites à l’homme malhonnête de s’a-
mender; s’il s’amende, il n’est plus malhonnête; s’il ne
s’amende pas, que le ravaudeur le ramende! Tout ce qui
est amendé, n’est en réalité que rapiécé. La vertu, qui
dévoie, est rapiécée de vice; le vice, qui s’amende, est
rapiécé de vertu. Si ce simple syllogisme peut passer, tant
mieux; si non, quel remède? Comme il n’y a de vrai co-
cuage que le malheur, de même la beauté est une fleur...
Madame dit qu’elle ne veut plus de folle ici; conséquem-
ment, je le répète, qu’on emmène madame.
monachum, ce qui revient à dire que je n’ai pas de marotte
dans ma cervelle. Bonne madone, permettez-moi de vous
prouver que vous êtes folle.
madone. Ma bonne petite souris de vertu, répondez-moi.
votre preuve.
ce que l’âme de votre frère est au ciel... Qu’on l’emmène;
plus de folle ici, messieurs!
s’amende pas?
affres de la mort le secouent. L’infirmité, qui ruine le
sabe, améliore toujours le fou.
pour perfectionner votre folie! Sir Tobie est prêt à jurer
que je ne suis pas un renard; mais il ne parierait pas deux
sous que vous n’êtes pas un sot.
d’un si chétif coquin; je l’ai vu écraser l’autre jour par
un méchant fou qui n’a pas plus de cervelle qu’un caillou.
Voyez donc, il est déjà tout décontenancé; dès que vous ne
riez plus et que vous ne lui fournissez plus matière, il est
bâillonné. Sur ma parole, je considère les gens sensés qui
s’extasient si fort devant des fous de cette espèce comme
ne valant pas mieux qu ela marotte même de ces fous.
vous avez le goût d’un appétit dérangé. Quand on est géné-
reux, sans remords et de franche nature, on prend pour
des flèches à moineau ce que vous tenez pour des boulets
de canon. Il n’y a rien de malveillant dans un bouffon
émérite, qui ne fait que plaisanter, comme il n’y a rien
de plaisant dans un sage prétendu discret qui ne fait que
censurer.
tant de bien des fous!
désir e fort vous parler.
bien accompagné.
lui! Marie sort.
Vous, Malvolio, allez; si c’est un message du comte, je
suis malade, ou sortie, tout ce que vous voudrez, pour m’en
débarrasser. Malvolio sort.
Eh bien, monsieur, vous voyez comme vous bouffonneries
vieillissent, et comme elles déplaisent aux gens.
fils aîné fou. Que Jupiter lui bourre le crâne de cervelle,
car voici venir un de tes parents qui a une bien faible pie-
mère.
porte, mon oncle?
marinés! A Feste.
Eh bien, sot?
vous tant d’indolence?
porte.
croyez-m’en sur parole. Oui, ça m’est bien égal.
trop en fait un imbécile; une seconde le rend fou; une
troisième le noie.
mon oncle; car il en est au troisième degré de l’ivresse, il
est noyé; va, veille sur lui.
sur le fou.
Je lui ai dit que vous étiez malade; il prétend qu’il le sa-
vait, et partant il vient pour vous parler; je lui ai dit que
vous dormiez; il prétend en avoir eu prescience également,
et partant il vient pour vous parler. Que faut-il lui dire, ma-
dame? Il est fortifié contre tous les refus.
ler à votre porte comme le poteau d’un sheriff, s’y faire
support de banquette, il vous parlera.
que vous le veuillez ou non.
pour un garçon; ce qu’est la cosse avant de renfermer le
pois, ce qu’est la pomme quand elle est presque formée; il
est juste à la morte-eau entre l’enfance et la virilité. Il a
fort bonne mine, et il parle fort impertinemment: on croi-
rait qu’il est à peine sevré du lait de sa mère.
sage; - nous allons entendre encore une fois l’ambassade
d’Orsino.
moi, je vous prie, si je suis devant la maîtresse de la maison,
car je ne l’ai jamais vue. Je répugnerais à perdre ma
harangue; car, outre qu’elle est admirablement bien tour-
née, je me suis donné beaucoup de peine pour l’apprendre
par coeur. Aimables beautés, ne me faites pas essuyer de
dédain; car je suis sensible au moindre mauvais procédé.
question est en dehors de mon rôle. Aimable dame, décla-
rez-moi en toute modestie si vous êtes la maîtresse de la
maison, afin que je puisse procéder à ma harangue.
griffes mêmes de la malice, je jure que je ne suis pas
ce que je représente. Êtes-vous la maîtresse de la maison?
suis.
possédez pour le donner, vous ne le possédez pas pour
le garder. Mais ceci est en dehors de ma mission. Je vais
dire ma harangue à votre louange, et vous ouvrir le coeur
de mon message.
tique.
gardez-le pour vous. J’ai appris que vous avez été fort im-
pertinent à ma porte; et j’ai autorisé votre admission plutôt
par curiosité de vous voir que par envie de vous entendre.
Si vous n’êtes qu’un fou, retirez-vous; si vous avez votre
raison, soyez bref: je ne suis pas dans une lune à figurer en
un dialogue aussi décousu.
chemin.
plus longtemps. Montrant Maria à Olivia.
Modérez un peu votre géant, chère dame.
révéler, pour que votre début soit si craintif. Expliquez votre
message.
claration de guerre, ni réclamation d’hommage; je tiens
l’olivier à ma main: mes paroles sont toutes de paix.
désirez-vous?
appris par moi. Ce que je suis, comme ce que je désire, est
chose aussi secrète qu’une virginité; verbe sacré pour votre
oreille, profane pour toute autre.
sacré. Sort Maria.
Maintenant, monsieur, quel est votre texte?
dire. Où est votre texte?
pitre de son âme.
n’avez rien de plus à dire?
mon visage? Vous voilà maintenant loin de votre texte;
mais nous allons tirer le rideau, et vous montrer le ta-
bleau.
Se dévoilant.
Regardez, monsieur.
Se revoilant.
Voilà ce que j’étais tout à l’heure.
Se dévoilant.
N’est-ce pas bien fait?
la pluie.
ce blanc – ont été mis là par la main exquise et savante de
la nature elle-même. – Madame, vous êtes la plus cruelle
des vivantes, - si vous emportez toutes ces grâces au tom-
beau, - sans en laisser copie au monde. –
divers legs de ma beauté; elle sera inventoriée, et chaque par-
ticularité, chaque détail, sera étiqueté dans mon testament:
par exemple, item, deux lèvres passablement rouges; item,
deux yeux gris avec leurs paupières; item, un cou, un
menton, et ainsi de suite. Avez-vous été envoyée ici pour
m’estimer?
quand vous seriez le diable, vous êtes jolie. – Mon seigneur
et maître vous aime. Oh! un tel amour – devrait être récom-
pensé, quand vous seriez couronnée – la beauté sans
pareille!
sanglots qui fulminent l’amour, avec des soupirs de feu.
- Pourtant je le suppose vertueux, je le sais noble, - de
grande maison, d’un jeunesse fraîche et sans tache, -
bien famé, généreux, instruit, vaillant, - et, par la tournure
et les dehors, - une gracieuse personne; néanmoins je ne
puis l’aimer; - il y a longtemps qu’il devrait se le tenir
pour dit.
avec de telles souffrances, une vie si meurtrière, - je ne
trouverais pas de sens à votre refus, - je ne le compren-
drais pas.
je redemanderais mon âme à votre maison; - j’écrirais de
loyales cantilènes sur mon amour dédaigné, - et je les chan-
terais bien haut dans l’ombre de la nuit; - je crierais votre
nom aux échos des collines, - et je forcerais la commère
babillarde des airs – à vociférer: Olivia! Oh! vous n’auriez
pas de repos – entre ces deux éléments, l’air et la terre, -
que vous n’eussiez eu pitié de moi.
suffisante; - je suis gentilhomme.
cesse d’envoyer... – à moins que par hasard vous ne reve-
niez – pour me dire comment il prend la chose. Adieu; -
je vous remercie: dépensez ceci pour moi.
votre bourse; - c’est à mon maître, non à moi, qu’il
faut une récompense. – Puisse l’amour faire un coeur de
roche à celui que vous aimerez, - et puisse votre ferveur,
comme celle de mon maître, - n’être payée que de mé-
pris!... Adieu, belle cruauté.
et pourtant ma fortune est suffisante; - je suis gentilhomme.
Je jurerais que tu l’es. – Ton langage, ton visage, ta tour-
nure, ta démarche, ton esprit, - te donnent un quin-
tuple blason... Pas si vite! Doucement! doucement!... –
Que le maître n’est-il le valet!... Eh quoi! – Peut-on si
vite attraper le fléau? – Il me semble que je sens les per-
fections de ce jeune homme, - par une invisible et subtile
effraction, - s’insinuer dans mes yeux. Eh bien, soit...
- Holà, Malvolio!
comte; il a laissé cette bague ici – malgré moi; dis-lui que
je n’en veux pas. – Recommande-lui de ne pas donner
d’illusion à son maître, - de ne pas le bercer d’espérances;
je ne suis point pour lui; - si ce jeune homme veut re-
passer par ici demain, - je lui expliquerai mes raisons.
Hâte-toi, Malvolio.
cevoir – que mes yeux ont trop fasciné mon imagination. –
Destinée, montre ta force; nous ne nous possédons pas
nous-mêmes; - ce qui est décrété doit être; eh bien, soit.
SCÈNE VI.
voulez pas que j’aille avec vous?
lueur sombre. La malignité de ma destinée pourrait peut-
être attaquer la vôtre. Je vous conjure donc de me laisser
seul porter mes malheurs: ce serait mal récompenser votre
amitié que de les faire peser sur vous partie.
Mais je remarque en vous ce tact exquis de la délicatesse:
vous ne voulez pas m’arrecher ce que je veux garder pour
moi; et je n’en suis que plus impérieusement entraîne à m’ou-
vrir à vous. Sachez donc, Antonio, que je m’appelle Sébas-
tien, bien que je prenne le nom de Roderigo. Mon père
était ce Sébastien de Messaline dont vous avez, je suis sûr,
entendu parler: il laissa après lui deux enfants, moi et
une soeur, nés tous deux à la même heure. Plût au ciel que
nous eussions fini ensemble une vie commencée ensemble!
Mais vous, monsieur, vous en avez décidé autrement; car
une heure environ avant que vous m’eussiez soustrait au
gouffre de la mer, ma soeur était noyée.
était généralement réputée belle personne; et, bien que je
ne puisse trop m’avancer sur la foi de ces merveilleux on
dit, je puis pourtant proclamer hardiment une chose, c’est
qu’elle avait une âme que l’envie même était forcée de
trouver belle. Hélas! elle a beau être déjà noyée dans l’eau
amère, il faut encore que je noie son souvenir dans une
eau plus amère encore!
donné.
tion, laissez-moi être votre serviteur.
c’est-à-dire perdre celui que vous avez sauvé, n’insistez pas.
Adieu, une fois pour toutes; mon coeur est plein de sensi-
bilité, et je touche encore de si près à ma mère par la ten-
dresse qu’à la moindre occasion mes yeux son prêts à me
trahir. Je vais à la cour du comte Orsino: adieu.
- J’ai de nombreux ennemis à la cour d’Orsino; -
sans quoi je t’y rejoindrais bien vite... – Mais advienne que
voudra; je t’adore tellement – que le danger me semblera
un jeu, et j’irai.
SCÈNE VII.
Olivia?
pas modéré, je n’ai eu que le temps de venir jusqu’ici.
m’épargner ma peine, en l’emportant vous-même. Elle
vous fait dire en outre de donner à votre maître l’assurance
désespérée qu’elle ne veut pas de lui; et, qui plus est, de
ne plus vous permettre de revenir pour cette affaire, à moins
que ce ne soit pour lui dire comment votre maître aura pris
ce refus. Maintenant reprenez ceci.
sa volonté est qu’il vous soit rendu; s’il vaut la peine qu’on
se baisse pour l’avoir, le voilà par terre sous vos yeux; si-
non, qu’il appartienne à qui le trouvera.
Il sort en jetant la bague aux pieds de Viola.
dame? – Ma tournure l’aurait-elle charmée? Le sort veuille
que non! – Elle m’a beaucoup considérée, à tel point
vraiment – que ses yeux semblaient égarer sa langue; - car
elle parlait d’une façon incohérente et distraite. – Elle
m’aime assurément; c’est une ruse de sa passion – qui
me fait inviter par ce grossier messager. – Elle ne veut
pas de la bague de monseigneur! Mais il ne lui en pas en-
voyé. – Je suis le personnage!... Si cela est (et cela est),
- pauvre femme, elle ferait mieux de s’éprendre d’une
vision. – Déguisement, tu es, je le vois, une profanation,
- qu’exploite l’adroit ennemi du genre humain. – Com-
bien il est facile à de beaux trompeurs – de faire impres-
sion sur le coeur de cire des femmes! – Hélas! la faute en
est à notre fragilité, non à nous. – Car telles nous som-
mes faites, telles nous sommes. – Comment ceci s’arran-
gera-t-il! Mon maître l’aime tendrement; - et moi, pau-
vre monstre, je suis profondément aussi éprise de lui. –
Qu’adviendra-t-il de tout ça? Comme homme, - je dois
désespérer d’obtenir l’amour de mon maître. – Comme
femme? hélas! que d’inutiles soupirs j’arrache à la pauvre
Olivia! – O temps, c’est toi qui dois débrouiller ceci et
non moi. – Ce noeud est pour moi trop difficile à dénouer.
SCÈNE VIII.
c’est être debout de bonne heure; et diluculo surgere, tu
sais...
qu’être debout tard, c’est être debout tard.
vide. Être debout après minuit, et alors aller se coucher,
c’est se coucher matin; en sorte qu’aller se coucher après
minuit, c’est aller se coucher de bonne heure. Est-ce que
notre existence n’est pas un composé des quatre éléments?
posé du boire et du manger!
holà! une cruche de vin!
notre trio?
quarante shillings pour avoir la jambe et la douce voix qu’a
le fou. En vérité, tu as été hier soir d’une bouffonnerie
délicieuse, quand tu nous as parlé de Pigrogromitus,
des Vapiens passant l’equinoxiale de Queubus; c’était fort
bon, ma foi. Je t’ai envoyé six pence pour ta catin; les
as-tu eus?
pas un manche de fouet; ma dame a la main blanche, et
les myrmidons ne sont pas des cabarets.
tout. Maintenant, une chanson!
chanson.
Quand un chevalier donne un...
morale?
Oh! arrêtez et écoutez, il arrive, votre amant fidèle,
Qui sait chanter haut et bas.
Ne trottez pas plus loin, douce mignonne;
Tout voyage s’arrête au rendez-vous d’amour.
Le fils du sage sait ça.
La joie présente a le rire présent.
Ce qui est au futur est toujours incertain.
On ne gagne rien aux délais.
Viens donc me baiser, cent fois charmante;
La jeunesse est une étoffe qui ne peut durer.
si nous buvions à faire danser le ciel? ou bien si nous ré-
veillions la chouette par un trio capable de ravir trois
âmes de tisserand? que vous en semble?
per les airs.
bien.
de t’appeler coquin, chevalier?
m’appeler coquin. Commence, fou; ça commence ainsi:
Garde le silence.
son intendant, Malvolio, pour lui dire de vous mettre à la
porte, ne vous fiez plus à moi.
d’état; Malvolio est un aigrefin, et nous sommes trois
joyeux compagnons. Ne suis-je pas un parent? Ne suis-
je pas du sang de madame? Tarare, ma chère!
Il y met plus de grâce; moi, plus de simplicité.
N’avez-vous ni raison, ni savoir-vivre, ni civilité, pour
brailler comme des chaudronniers à cette heure de nuit?
Tenez-vous la maison de madame pour un cabaret, que
vous hurlez ici vos airs de ravaudeurs sans ménagement ni
remords de voix? Ne respectez-vous ni lieu ni personne?
Avez-vous perdu toute mesure?
trio. Au diable!
chargé de vous dire que, bien qu’elle vous recueille comme
son parent, elle n’est nullement alliée à vos désordres. Si
vous pouvez vous séparer de vos déportements, vous serez
le bienvenu à la maison; sinon, pour peu qu’il vous plaise
de prendre congé d’elle, elle est toute disposée à vous faire
ses adieux.
plus qu’un intendant? Crois-tu, parce que tu es vertueux,
qu’il n’y aura plus ni ale ni galette?
lera la bouche.
Allez, monsieur, allez fourbir votre chaîne avec de la
mie de pain... Une cruche de vin, Maria!
faveur de madame, vous ne prêterez pas les mains à cette
incivile conduite; elle sera informée de tout cela, je le
jure.
serait de lui donner un rendez-vous sur le terrain, puis de
lui manquer de parole et de le mystifier.
lui signifierai de vive voix ton indignation.
depuis la visite que le jeune page du comte a faite aujour-
d’hui à madame, elle est fort agitée. Quant à monsieur Mal-
volio, abandonnez-le-moi; si je ne fais pas de lui une dupe
proverbiale, si je ne l’expose pas à la risée générale, croyez
que je n’ai pas assez d’intelligence pour m’étendre tout de
mon long dans mon lit. Je m’en charge.
espèce de puritain.
ça, chevalier?
raisons suffisantes.
moins qu’un homme accommodant; un âne plein d’affec-
tation qui, sans étude, sait la société par coeur, et débite
ses maximes par grandes gerbes; tout féru de lui-même;
et se croyant tellement bourré de perfections qu’il est fer-
mement convaincu qu’on ne peut le voir sans l’aimer; c’est
dans ce travers même que ma vengeance va trouver un no-
table sujet de s’exercer.
lettre d’amour, dans laquelle il se croira très-clairement
désigné par des allusions à la couleur de sa barbe, à la
forme de sa jambe, à sa tournure, à l’expression de ses
yeux, de son front, de sa physionomie. Mon écriture res-
semble fort à celle de madame, votre nièce; sur un sujet
oublié nous pourrions à peine les distinguer.
qu’elle vient de ma nièce, et qu’elle est amoureuse de lui.
cette couleur.
decine opérera sur lui. Je vous posterai, en tiers avec le fou,
à l’endroit où il devra trouver la lettre; vous prendez note
de ses commentaires. Pour ce soir, couchez-vous, et son-
gez à l’événement. Adieu.
semble?
chercher encore de l’argent.
embarras.
par avoir ma nièce, appelle-moi rosse.
comme vous voudrez.
tard pour aller au lit maintenant. Viens, chevalier; viens,
chevalier.
SCÈNE IX.
amis. – Allons, bon Césario, rien qu’un morceau de
chant, - ce chant vieux et antique que nous avons entendu
la nuit dernière: - il m’a semblé qu’il soulageait ma pas-
sion beaucoup – plus que tous ces airs légers et tous ces fre-
dons rebattus à la mesure brusque et saillante. – Allons,
rien qu’un couplet!
chanter n’est pas ici.
de madame Olivia; il est quelque part dans le palais.
- Approche, page; si jamais tu aimes, - dans tes douces
angoisses, souviens-toi de moi: - car tous les vrais amou-
reux sont tels que je suis, - mobiles et capricieux en tout,
- hormis dans l’idée fixe de la créature – aimée. Que te
semble de cet air?
trône l’amour.
que, jeune comme tu l’es, ton regard – s’est déjà fixé avec
complaisance sur quelque gracieux être; - n’est-ce pas, page?
rité?
toujours – un plus âgé qu’elle; elle n’en sera que mieux as-
sortie, - et que mieux en équilibe dans le coeur de son
mari. – Car, page, nous avons beau nous vanter, - nos
affections sont plus mobiles, plus instables, - plus vives,
plus vacillantes, plus tôt égarées et usées – que celles des
femmes.
- ou ton affection ne saurait garder le pli. – Car les
femmes sont comme les roses; leur fleur de beauté – est à
peine épanouie qu’elle s’étiole.
qu’elles soient ainsi, - condamnées à dépérir alors même
qu’elles atteignent la perfection?
Rentre Curio avec Feste.
soir! – Remarque-la bien, Césario; elle est vieille et sim-
ple; - les tricoteuses et les fileuses, travaillant au soleil,
- les libres filles qui tissent avec la navette, - ont coutume
de la chanter; c’est une naïve et franche chanson, - qui
joue avec l’innocence de l’amour, - comme au bon vieux
temps.
Et que je sois couché sous un triste cyprès!
Envole-toi, envole-toi, haleine,
Je suis tué par une belle fille cruelle;
Mon linceul blanc, tout décoré d’if,
Oh! préparez-le.
Dans la scène de la mort nul si vraiment
Ne joua son rôle.
Que pas une fleur, pas une fleur emaumée
Ne soit semée sur mon noir cercueil.
Que pas un ami, pas un ami ne salue
Mon pauvre corps, là où seront jetés mes os.
Pour m’épargner mille et mille sanglots,
Oh! mettez-moi quelque part
Où triste amant ne puisse trouver ma tombe
Pour y pleurer!
monsieur.
le tailleur te fasse ton pourpoint de taffetas changeant,
car ton âme est une véritable opale... Je voudrais voir
les hommes d’une pareille constance s’embarquer sur la
mer, ayant affaire partout, et n’ayant de but nulle part; ce
serait là le vrai moyen de faire un bon voyage... pour
rien!... Adieu.
Encore une fois, Césario, - retourne auprès de cette
cruelle souveraine; - dis-lui que mon amour, plus noble
que l’univers, - ne fait aucun cas d’une quantité de terrains
fangeux; - ces biens dont l’a comblée la fortune, - dis-lui
que je les traite aussi légèrement que la fortune elle-
même; - mais ce qui attire mon âme, c’est cette mer-
veille, - cette perle-reine dont l’a parée la nature.
comme cela peut être, - éprouve pour l’amour de vous
des peines de coeur aussi grandes – que celle que vous
cause Olivia; vous ne pouvez l’aimer, - vous le lui dites;
eh bien, ne faut-il pas qu’elle accepte cette réponse?
de la passion violente – que l’amour m’a mise au coeur; nul
coeur de femme – n’est assez vaste. – Hèlas! leur amour
peut bien s’appeler un appétit; - ce qui est ému en elles,
ce n’est pas le foie, c’est le palais, - sujet à la satiété, à la
répulsion, au dégoût. – Mon coeur, au contraire, est af-
famé comme la mer, - et peut digérer autant qu’elle. Ne
fais pas de comparaison – netre l’amour que peut me porter
une femme – et celui que j’ai pour Olivia.
les hommes; - en vérité, elles ont le coeur aussi généreux
que nous. – Mon père avait une fille qui aimait un homme,
- comme moi, par aventure, si j’étais femme, - je pour-
rais aimer Votre Seigneurie.
SCÈNE X.
son amour; - elle en laissa le secret, comme le ver dans le
bourgeon, - ronger les roses de ses joues; elle languit dans
sa pensée; - jaunie, verdie par la mélancolie, - elle s’in-
clina, comme la Résignation sur une tombe, - souriant à la
douleur. N’était-ce pas là de l’amour? – Nous autres hom-
mes, nous pouvons parler davantage, jurer davantage; mais,
en vérité, - nos démonstrations outrepassent nos senti-
ments; car en définitive, nous sommes – fort prodigues de
protestations, mais peu prodigues d’amour.
fant?
ses filles – et tous ses fils... Et pourtant je ne sais... –
Monsieur, irai-je chez cette dame?
ce bijou; dis-lui – que mon amour ne peut ni céder la
place ni supporter un refus.
que je sois bouilli à mort par la mélancolie.
fripon subir quelque mortification notoire?
la faveur de madame, à l’occasion d’un combat d’ours ici.
nous allons le berner jusqu’au noir, jusqu’au bleu... N’est-
ce pas, sir André?
des Indes?
descend cette allée; voilà une demi-heure qu’il est là-bas
au soleil, apprenant des poses à son ombre. Observez-le
pour l’amour de la drôlerie; car je suis sûre que cette lettre
va faire de lui un idiot contemplatif! Au nom de la farce,
rangez-vous.
Les hommes se cachent. Elle jette la lettre.
Toi, reste-là; car voici venir la truite que nous allons at-
traper en la chatouillant.
sympathie pour moi, Maria me l’a dit une fois; et je l’ai
entendue elle-même avouer que, si elle aimait, ce serait
quelqu’un de ma nature. D’ailleurs, elle me traite avec des
égards plus marqués qu’aucun autre de ses gens. Que dois-
je en penser?
comme il se pavane en étalant ses plumes!
l’huissier de sa garde-robe!
comme l’imagination le gonfle.
de velours à ramages, venant de quitter le lit de repos où
j’ai laissé Olivia endormie...
ment promené sur eux un regard qui veut dire que je con-
nais ma position, et que je désire qu’ils connaissent la leur,
je demande mon parent Tobie.
en attendant, je fronce le sourcil, et par aventure je re-
monte ma montre, ou je joue avec quelque riche joyau.
Tobie s’approche, me fait un révérence...
silence, paix encore une fois!
familier par un sévère regard d’autorité...
lèvres!
nièce, m’a conféré cette prérogative de parole...
complot.
imbécile de chevalier.
pellent imbécile.
lire tout haut!
r, ses u et ses o; et c’est ainsi qu’elle fait ses grandes P. En
dépit de toute question, c’est son écriture.
souhaits! Juste ses phrases!... Avec votre permission,
cire!... Doucement... Le cachet, sa Lucrèce, avec lequel
elle a coutume de sceller!... C’est madame! à qui cela peut-
il être adressé?
Mais qui?
Lèvres, ne remuez pas,
Nul homme ne le doit savoir.
Nul homme ne le doit savoir... Voyons la suite! Le
rhythme change... Nul homme ne le doit savoir. Si c’était
toi, Malvolio!
Mais le silence, comme le couteau de Lucrèce,
Me perce le coeur sans répandre mon sang.
M. O. A. I. règne sur ma vie.
voyons, voyons.
mmander, je la sers, elle est ma maîtresse! Mais c’est évi-
dent pour la plus ordinaire intelligence. Il n’y a pas là à
hésiter. Mais la fin... Que signifie cette combinaison al-
phabétique? Si je pouvais en faire quelque chose qui s’ap-
pliquât à moi... Doucement! M. O. A. I.
qu’elle sente fort comme un renard.
nom!
lent aux défauts.
ne se coufirme pas. C’est A qui devrait suivre, et il y a
un O.
rais plus de déconvenues à tes trousses que de bonnes
fortunes devant toi.
et pourtant, on n’aurait qu’à forcer un peu pour que ça
eût trait à moi; car chacune de ces lettres est dans mon
nom. Doucement; voici de la prose à la suite. Lisant:
Si ceci te tombe dans la main, réfléchis. Par mon étoile,
je suis au-dessus de toi, mais ne t’effraie pas de grandeurs.
Il en est qui naissent grands, d’autres qui conquièrent les
grandeurs, et d’autres à qui elles s’imposent. Les destins te
tendent la main; que ton audace et ton génie l’étreignent. Et,
pour te préparer à ce que tu peux être, dépouille ton hum-
ble peau, et apparais un nouvel homme. Sois rébarbatif
avec un parent, bourru avec les domestiques; que ta
langue bourdonne des raisons d’État. Prends les allures
de la singularité. C’est l’avis que te donne celle qui soupire
pour toi. Rappelle-toi qui a vanté tes bas jaunes et souhaité
te voir toujours avec des jarretières croisées; rappelle-
toi, je le répète. Va. Tu es désormais un personnage, si tu le
veux; sinon, reste à jamais simple intendant, le compagnon
des domestiques, indigne de toucher le bout du doigt de la
Fortune. Adieu. Celle qui voudrait te servir au lieu d’être
cela est évident. Je serai altier, je lirai les auteurs politi-
ques, je romprai en visière à sir Tobie; je me décrassaerai
de toute accointance roturière; je serai tiré à quatre
épingles, l’homme accompli. Je ne m’abuse pas, je ne me
laisse pas berner par l’imagination; car toutes les raisons
me portent à croire que madame m’aime. Elle a vanté
mes bas jaunes tout récemment, elle m’a loué d’avoir des
jarretières croisées; et en ceci elle se révèle à mon amour,
et, par une sorte d’injonction, m’invite à porter cet accoutre-
ment de son goût. Je remercie mon étoile, je suis heureux;
je vais être étrange, hautain, porter des bas jaunes et me
jarreter en croix, tout cela en un clin d’oeil! Que Jéhovah et
mon étoile soient loués! Voici encore un postscriptum. It lit.
Il est impossible que tu ne reconnaisses pas qui je suis.
Si tu réponds à mon amour, fais-le paraître à ton sourire;
ton sourire te va si bien! Ainsi, en ma présence, souris tou-
jours, mon doux bien-aimé, je t’en prie.
Ciel, je te remercie. Je sourirai, je ferai tout ce que tu
voudras.
sion de mille livres sur la cassette du Sophi.
bouffonnerie pareille.
vienne ton esclave?
en sera dissipée, il deviendra fou.
quez bien sa première apparition devant madame; il se
présentera devant elle en bas jaunes, et c’est une couleur
qu’elle abhorre, et avec des jarretières croisées, une mode
qu’elle déteste! Et il lui fera des sourires qui, dans la mé-
lancolie où elle se trouve, conviendront si peu à sa disposi-
tion d’esprit qu’elle ne pourra y répondre que par une insi-
gne rebuffade. Si vous voulez voir ça, suivez-moi.
SCÈNE XI.
touchant du tambourin?
l’église.
meure chez moi, et ma maison est tout près de l’église.
mendiant demeure près de lui; ou que l’église touche à
ton tambourin, si ton tambourin est contre l’église.
Une phrase n’est qu’un gant de chevreau pour un bel es-
prit; comme on l’a vite retournée sens dessus dessous!
les mots peuvent facilement les corrompre.
monsieur.
jouant avec ce mot, on pourrait bien corrompre ma soeur.
Mais effectivement les paroles sont de vraies coquines,
depuis que les obligations les ont déshonorées.
sans paroles; et les paroles sont devenues tellement fausses
que je répugne à les employer pour raisonner.
soucie de rien.
mais en mon âme et conscience, monsieur, je ne me soucie
pas de vous; si c’est là ne se soucier de rien, je veux que
vous soyez invisible.
à la folie; elle n’entretiendra de fou que quand elle sera
mariée; et les fous sont aux maris ce que les sardines sont
aux harengs: les maris sont les plus gros. En vérité, je ne
suis pas son fou; je ne suis que son corrupteur de mots.
elle brille partout. Je serais fâché pourtant, monsieur, que
votre maître fût en folle compagnie aussi souvent que ma
maîtresse; je crois avoir vu chez lui votre sagesse.
pour tes dépenses.
voie une barbe.
barbe, quoique je ne désire pas qu’elle me pousse au men-
ton. Ta maîtresse est-elle chez elle?
monsieur?
les fît fructifier.
de Phrygie, monsieur, pour amener une Cressida à ce
Troylus.
sieur, que de mendier une mendiante: Cressida n’était
qu’une mendiante! Ma maîtresse est chez elle, monsieur;
je vais lui expliquer d’où vous venez; quant à ce que vous
êtes et ce que vous voulez, cela n’est pas dans ma sphère;
je pourrais dire, dans mon élément; mais le mot est usé.
le bien jouer, il a besoin d’une sorte d’esprit: - il doit
observer l’humeur de ceux qu’il plaisante, - la qualité des
personnes et le moment, - en se jetant, comme le faucon
hagard, sur la moindre plume – qui passe devant ses
yeux. C’est un métier – certes aussi ardu que l’état du
sage; - car la folie, dont il ne frait montre que sagement,
est ingénieuse; - tandis que les sages, une fois tombés dans
la folie, perdent toute raison.
vôtre.
sire que vous entriez, si vous avez affaire à elle.
qu’elle est le but de mon voyage.
votre phrase quand vous me dites de tâter mes jambes.
entriez.
Mais on nous prévient. Entrent Olivia et Maria. A Olivia
Dame accomplie et incomparable, que le ciel fasse pleu-
voir sur vous ses aromes.
aromes! fort bien.
oreille la plus propice et la plus condescendante.
trois mots.
ner audience. Sortent sir Tobie, sir André et Maria.
Donnez-moi votre main, monsieur.
ment.
che joie dans le monde, - depuis qu’une basse adulation
s’est appelée compliment. – Vous êtes le serviteur du comte
Orsino, jeune homme.
serviteur de votre seviteur est votre serviteur, madame.
sées, - je voudrais qu’elles fussent nulles plutôt que pleines
de moi.
sées – en sa faveur.
parler de lui; - mais, si vous vouliez soutenir une autre
cause, - j’aimerais mieux entendre ce plaidoyer-là de votre
bouche – que la musique des sphères.
apparition enchanteresse que vous fîtes ici, - envoyé une
bague à votre poursuite; j’ai ainsi abusé – un de mes ser-
viteurs, moi-même et, j’en ai peur, vous aussi. – Je dois
m’être exposée à vos sévères commentaires, - en vous for-
çant, par un artifice honteux, à prendre – ce que vous saviez
ne pas être à vous. Qu’avez-vous pu penser? – N’avez- vous
pas attaché mon honneur au poteau, - et ameuté contre
lui toutes les idées démuselées – que peut concevoir un
coeur inexorable? Pour un esprit de votre pénétration –
j’en ai assez laissé voir; c’est un crêpe, et non une poitrine
de chair, - qui couvre mon pauvre coeur... Sur ce, je vous
écoute.
bien souvent nous plaignons nos ennemis.
mon sourire. – O humanité! comme l’être le plus chétif est
prompt à l’orgueil! – S’il faut servir de proie, combien il
vaut mieux – être la victime du lion que du loup!
L’horloge sonne.
- L’horloge me reproche le temps qu eje perds. –
N’ayez pas peur, bon jouvenceau, je ne veux pas de vous;
- et pourtant, quand esprit et jeunesse seront mûrs, -
votre femme aura chance de récolter un mari sortable. –
Voilà votre chemin, tout droit au couchant.
humeur fassent cortége à Votre Excellence! – Vous ne me
chargez de rien pour mon maître, madame?
suis.
consentirais volontiers; car maintenant je suis votre risée.
prisante et irritée! – Le remords du meurtrier ne se trahit
pas plus vite – que l’amour qui veut se cacher: la nuit de
l’amour est un plein midi! – Césario, par les roses du
printemps, - par la virginité, par l’honneur, par la vérité,
par tout ce qui existe, - je t’aime tant qu’en dépit de
ton orgueil, - ni l’esprit ni la raison ne peuvent dissimuler
ma passion. – Ne vas pas tirer prétexte – de mes avances
pour me repousser; - mais raisonne bien plutôt en vertu
de cette raison supérieure: - l’amour imploré est doux;
l’amour qui s’offre, plus doux encore.
un coeur, une âme, une foi – mais aucune femme ne les
possède; et jamais nulle – autre que moi ne les possédera.
- Et sur ce adieu, bonne madame; je ne viendrai plus –
pleurer à vos pieds les larmes de mon maître.
tu – rendre son amour agréable à mon coeur qui mainte-
nant l’abhorre.
SCÈNE XII.
André.
comte plus de faveurs qu’elle ne m’en a jamais octroyé; je
l’ai vu dans le jardin.
garçon? dis-moi ça.
née là.
le verdict du jugement et de la raison.
fût marin.
votre présence que pour vous exaspérer, pour réveiller votre
valeur dormeuse, pour vous mettre du feu au coeur et du
soufre dans le foie. Vous auriez dû l’accoster alors; et, par
quelques excellentes railleries, encore toutes neuves de la
forge, vous auriez frappé de mutisme ce jouvenceau. C’est
ce qu’elle attendait de vous, et son attente a été trompée;
vous avez laissé le temps effacer la double dorure de cette
occasion, et maintenant vous voguez au nord de son es-
time; et vous y resterez suspendu comme un glaçon à la
barbe d’un Hollandais, à moins que vous ne rachetiez votre
faute par quelque louable action de valeur ou de haute poli-
tique.
hais la politique: j’aimerais autant être Browniste qu’homme
politique.
Provoque-moi en duel le page du comte; blesse-le en onze
endroits; ma nièce en prendra note; et, sois-en sûr, il n’y
a pas d’agent d’amour au monde qui fasse valoir un homme
aux yeux d’une femme comme une réputation de cou-
rage.
Peut importe que ce soit spirituel, pourvu que ce soit élo-
quent et plein d’originalité; lave-lui la tête avec toute la li-
cence de l’encre; si tu le tutoies deux ou trois fois, ça ne fera
pas mal; et donne-lui autant de démentis qu’en pourra te-
nir ta feuille de papier, la feuille fût-elle aussi vaste que le
lit de Ware en Anglaterre. Va, à l’oeuvre! Qu’il y ait
du fiel suffisamment dans ton encre; quand tu écrirais avec
une plume d’oie, n’importe. a l’oeuvre!
vres ou environ.
mettrez pas.
le jeune homme à répondre. Je crois que ni boeufs ni câ-
bles ne parviendraient à les joindre. Pour André, on n’a
qu’à l’ouvrir; si vous lui trouvez au foie autant de sang
qu’il en faut pour empétrer la patte d’une mouche, je con-
sens à manger le reste du cadavre.
grands symptômes de férocité.
points de côté, suivez-moi; ce gobe-mouches de Malvolio
est devenu païen, un vrai renégat; car il n’est pas de chré-
tien, voulant être sauvé par une croyance orthodoxe, qui
puisse jamais croire à d’aussi grossières extravagances. Il
est en bas jaunes!
l’église!... Je l’ai traqué, comme si j’étais son meurtrier;
il obéit de point en point à la lettre que j’ai laissée tomber
pour l’attraper. Son sourire lui creuse sur la face plus de
lignes qu’il n’y en a dans la nouvelle mappe-monde aug-
mentée des Indes; vous n’avez rien vu de pareil; je
puis à peine m’empêcher de lui flanquer des choses à la
tête. Je suis sûre que madame le frappera; si elle le fait,
il sourira et le prendra pour une faveur grande.
SCÈNE XIII.
embarras; - mais, puique vous vous faites de vos peines
un plaisir, - je ne vous gronderai plus.
désir, - plus aigu que l’acier affilé, m’a éperonné en avant:
- ce n’était pas seulement l’envie de vous voir, quoiqu’elle
fût assez forte – pour m’entraîner à un plus long voyage,
- c’était surtout l’inquiétude de ce qui pouvait vous arri-
ver en route, - dans ce pays qui vous est inconnu et qui
pour un étranger – sans guide et sans ami est souvent –
âpre et inhospitalier. Un empressement affectueux, - sur-
excité par ces motifs de crainte, - m’a lancé à votre pour-
suite.
des remercîments, - et des remercîments, et toujours des
remercîments: trop souvent de grands services – se paient
avec cette monnaie qui n’a pas cours; - mais, si mes res-
sources étaient aussi solides que l’est ma conscience, -
vous seriez mieux récompensé. Que ferons-nous? – Irons-
nous voir les reliques de cette ville?
logement.
je vous en prie, satisfaisons nos yeux – par la vue des mo-
numents et des choses remarquables – qui illustrent cette
ville.
promener dans ces rues. – Une fois, dans un combat na-
val contre les galères du comte, - j’ai rendu quelques ser-
vices, et tellement signalés – que, si j’étais pris ici, on
m’en saurait peu de gré.
gens.
circonstances et la querelle – fussent de nature à provo-
quer entre nous un sanglant débat. – Depuis lors tout eût
pu être réparé en restituant – ce que nous avions pris;
c’est ce qu’on fait, dans l’intérêt de leur trafic, - la plu-
part des citoyens de notre ville; seul je m’y suis refusé; -
et c’est pourquoi, si j’étais attrapé ici, - je le paierais
cher.
voici ma bourse; - c’est dans les faubourgs du sud, à
l’Éléphant, - que nous serons le mieux logés; je comman-
derai notre repas, - pendant que vous tuerez le temps et
que vous rassasierez votre curiosité – en visitant la ville;
vous me retrouverez là-bas.
biole – que vous aurez envie d’acheter; et vous n’avez pas
- de fonds, je crois, pour de futiles emplettes.
- une heure.
SCÈNE XIV.
ment le fêterai-je? Que lui donnerai-je? – Car la jeunesse
s’achète plus souvent qu’elle ne se donne ou ne se prête.
- Je parle trop haut. – Où est Malvolio?... Il est grave
et amer, - et c’est le serviteur qui convient à ma position...
- Où est Malvolio?
sûrement possédé, madame.
ferait bien d’avoir quelque garde près d’elle, s’il vient; car
assurément l’homme a le cerveau fêlé.
a parité entre folie triste et folie gaie. Entre Malvolio.
Eh bien, Malvolio? Malvolio, avec un sourire fantastique.
Chère dame, ho! ho!
grave.
quelque obstruction dans le sang, ces jarretières croisées.
Mais qu’importe! si elles plaisent au regard d’une per-
sonne, je puis dire juste comme le sonnet:
Plaire à une, c’est plaire à toutes.
jaune à mes jambes... C’est arrivé à son adresse, et les
commandements seront exécutés. Je crois que nous avons
reconnu la belle main romaine.
tu de la main tant de baisers?
corneilles.
cule impertinence?
est revenu; j’ai eu grand’peine à le ramener; il attend le
bon plaisir de Votre Excellence.
Ma bonne Maria, qu’on ait les yeux sur ce compagnon!
Où est mon oncle Tobie? Que quelques-uns de mes gens
aient de lui un soin spécial; je ne voudrais pas, pour la
moitié de mon douaire, qu’il lui arrivât malheur.
personnage que sir Tobie pour prendre soin de moi! Ceci
concorde parfaitement avec la lettre; elle l’envoie exprès
pour que je le traite avec insolence; car elle m’y invite
dans la lettre. Dépouille ton humble peau, dit-elle, sois ré-
barbartif avec un parent, bourru avec les domestiques;
que ta langue bourdonne des raisons d’ñetat, prends les al-
lures de la singularité. Et conséquemment elle m’indique
la tenue à prendre: le visage grave, le port imposant, la
parole lente, à l’instar d’un personnage de marque, et le
reste à l’avenant. Je l’ai engluée! Mais c’est l’oeuvre de
Jéhovah, et que Jéhovah reçoive mes actions de grâce! Et
puis, quand elle s’est retirée, tout à l’heure: Qu’on ait les
yeux sur ce compagnon! Compagnon! non pas Malvolio,
ni le titre de ma fonction, mais compagnon! Eh! mais tout
s’accorde à merveille: pas un grain de scrupule, pas un
scrupule de scrupule, pas un obstacle, pas une circons-
tance contraire ou équivoque; que peut-on dire? Rien de
possible ne peut plus s’interposer entre moi et la pleine
perspective de mes espérances. Allons, c’est Jéhovah qui a
fait tout cela, et non moi, et c’est à lui qu’il faut rendre
grâces.
diables de l’enfer seraient ratatinés en lui, et quand il serait
possédé de Légion même, je lui parlerai.
ment ça va-t-il, l’ami?
solitude; retirez-vous.
Vous l’avais-je pas dit? Sir Tobie, madame vous prie
d’avoir soin de lui.
avec lui; laissez-moi faire... Comment êtes-vous, Malvolio?
Comment ça va-t-il? Allons! l’ami! hennissez le diable.
Considérez qu’il est l’ennemi de l’humanité!
il le prend à coeur! Dieu veuille qu’il ne soit pas ensor-
celé!
ne voudrait pas le perdre pour plus que je ne puis dire.
vous pas que vous l’irritez? Laissez-moi seul avec lui.
ment. Le diable est brusque et ne veut pas être traité brus-
quement.
mon poulet?
à ta gravité de jouer à la fossette avec Satan: à la potence
le noir charbonnier!
de chose pie.
rien; je ne suis pas de votre élément; vous en saurez da-
vantage plus tard.
damnerais comme une impossible fiction.
s’évente et ne se gâte.
et l’attacher. Ma nièce est déjà persuadée qu’il est fou;
nous pourrons ainsi prolonger la plaisanterie, pour notre
récréation et pour sa pénitence, jusqu’à ce que notre
amusement même, hors d’haleine, nous engage à avoir pi.
tié de lui; alors nous produirons toute la malice à la barre,
et nous te proclamerons le suprême médecin des fous.
Mais voyez, mais voyez.
du vinaigre et du poivre.
Jeune homme, qui que tu sois, tu n’es qu’un ladre et
qu’un drôle.
ment pourquoi je t’appelle ainsi; car je ne te montrerai pas
de raison.
loi.
traite avec faveur; mais tu en as menti par la gorge,
ce n’est pas pour cela que je te provoque.
de me tuer...
âmes! Il se peut que ce soit la mienne; mais j’ai meilleur
espoir, et ainsi prends garde à toi. Ton ami, selon que tu
en useras avec lui, et ton ennemi juré.
jambes ne le peuvent pas; je la lui remettrai.
maintenant en conversation avec madame, et il va partir
tout à l’heure.
recors, au coin du jardin; aussitôt que tu l’apercevras, dé-
gaîne; et, tout en dégaînant, jure horriblement; car il ar-
rive souvent qu’un effroyable juron, hurlé d’un voix
de stentor, donne une plus haute idée d’un courage que
ne le ferait la meilleure preuve. En avant.
tude de ce jeune gentilhomme montre qu’il a de la capacité
et de l’éducation; son emploi d’intermédiaire entre son sei-
gneur et ma nièce ne prouve pas moins: conséquemment
cette lettre, si parfaitement inepte, ne lui causerait pas la
moindre terreur; il reconnaîtrait qu’elle vient d’un oison.
Mais, mon cher, je transmettrai le cartel de vive voix; je ferai
à Aguecheek une notable réputation de valeur; et j’incul-
querai à ce gentilhomme (que la jeunesse, j’en suis sûr, doit
rendre facilement crédule) la plus formidable idée de sa
rage, de son adresse, de sa furie et de son impétuosité.
Grâce à moi, ils auront l’un de l’autre une telle peur qu’ils
se tueront mutuellement du regard, comme des basilics.
champ libre, jusqu’à ce qu’il se retire, et aussitôt entre-
prenez-le.
tion pour le cartel.
imprudemment exposé mon honneur. – Il y a en moi
quelque chose qui me reproche ma faute; - mais c’est
une faute si puissamment opiniâtre – qu’elle brave les
reproches.
mon maître les a.
portrait; - ne le refusez pas, il n’a pas de voix pour vous
importuner. – Et, je vous en conjure, revenez demain. –
Sollicitez de moi ce que vous voudrez, je ne vous refuserai
rien – de ce que l’honneur peut sans danger accorder à
une sollicitation.
mon maître.
je vous ai donné?
toi serait capable d’emporter mon âme en enfer.
envers lui, je ne sais; mais ton adversaire, plein de ressen-
timent, sanguinaire comme le chasseur, t’attend au bout du
jardin. Dégaîne ton estoc, prépare-toi lestement, car ton
assaillant est vif, adroit et acharné.
n’a de querelle avec moi; ma mémoire parfaitement nette ne
me rappelle aucune offense commise en vers qui que ce soit.
quemment, si vous attachez quelque prix à votre vie,
tenez-vous sur vos gardes; car votre rival a en lui toutes les
ressources que la jeunesse, la force, l’adresse et la colère
peuvent fournir à un homme.
putation de salon; mais, dans une querelle privée, c’est un
diable; il a déjà séparé trois âmes de leurs corps; et son
exaspération en ce moment est si implacable que les affres
de la mort et du sépulcre peuvent seuls lui faire satisfaction:
advienne que pourra, voilà sa devise: vaincre ou mourir.
quelque escorte. Je ne suis pas batailleur. J’ai ouï parler
d’une espèce d’hommes qui cherchent querelle aux autres
uniquement pour tâter leur valeur: c’est probablement un
homme qui a ce travers.
très-formelle; ainsi marchez, et faites-lui satisfaction. Vous
ne retournerez pas à la maison, sans du moins tenter
avec moi l’épreuve que vous pourriez tout aussi sûre-
ment affronter avec lui. Ainsi, marchez, ou mettez à nu
votre épée; car il faut, de toute manière, que vous vous
battiez, ou que vous renonciez à porter une lame au côté.
dez-moi le courtois service de demander au chevalier quelle
est mon offense en vers lui; ce ne peut être de ma part qu’un
acte d’inadvertance, nullement de ma volonté.
homme jusqu’à mon retour.
affaire?
mais rien de plus.
prodigieux personnage que vous reconnaîtrez sans doute à
l’épreuve de sa valeur. C’est vraiment, monsieur, le plus
adroit, le plus sanglant, le plus fatal adversaire que vous
puissiez trouvez dans toute l’Illyrie. Voulez-vous venir à sa
rencontre? Je ferai votre paix avec lui, si je peux.
teraient le pas avec messire le prêtre plus volontiers qu’a-
vec messire le chevalier. Je ne tiens nullement à donner
une si haute idée de ma fougue.
SCÈNE XV.
virago de cette espèce. J’ai fait une passe avec lui, rapière
au fourreau; et il m’a porté une botte d’une si mortelle
vitesse qu’il est impossible de l’éviter; et, à la riposte, il vous
réplique aussi infailliblement que vous pieds touchent le
terrain sur lequel ils marchent. On dit qu’il a été le maître
d’armes du Sophi.
grand’peine à le retenir là-bas.
habile à l’escrime, je l’aurais vu aller au diable avant de
le provoquer. Qu’il laisse tomber l’affaire, et je lui donne-
rai mon cheval, le gris Capulet.
nance; ceci finira sans qu’il y ait perdition d’âme. A part.
Morbleu, je saurai mener ton cheval aussi aisément que
toi. Entrent Fabien et Viola. Bas à Fabien.
J’ai son cheval pour arranger la querelle; je lui ai per-
suadé que le jouvenceau est un diable.
et pâle, comme s’il avait un ours à ses talons.
vous pour l’honneur de son serment; en effet, il a ré-
fléchi plus mûrement à la querelle et il trouve à présent que
ce n’est plus la peine d’en parler; dégaînez donc, pour l’ac-
quit de sa parole; il proteste qu’il ne vous fera pas de mal.
combien il s’en faut que je sois un homme.
homme veut, pour son honneur, faire une botte avec vous;
il ne peut s’en dispenser, en vertu des lois du duel; mais il
m’a promis, sur sa foi de gentilhomme et de soldat, de ne
pas vous faire de mal. Allons! en garde!
vous a offensé, je prends la faute sur moi. – Si c’est vous
qui l’offensez, c’est moi qui vous défie.
plus d’actions d’audace – qu’il ne s’est vanté d’en faire,
vous présent.-
suis votre homme.
vous plaît.
je vous ai promis, je tiendrai parole: il vous portera aisé-
ment, et il a la bouche fine.
visage, - bien qu’en ce moment vous n’ayez pas de bon-
net de marin sur la tête. – Emmenez-le; il sait que je le
connais bien.
Ceci m’arrive en vous chercant, - mais il n’y a pas de
remède; j’aurai des comptes à rendre. – Qu’allez-vous
faire? Maintenant la nécessité – me force à vous redeman-
der ma bourse. Je suis bien plus – affligé de mon im-
puissance à vous être utile désormais – que de ce qui
m’advinet à moi-même. Vous restez interdit, - mais ayez
courage.
sympathie que vous venez de me témoigner, - et aussi par
égard pour vos ennuis présents, - je veux bien sur mes
maigres et humbles ressources – vous prêter quelque
chose; mon avoir n’est pas considérable; - je veux bien
le partager avec vous: - tenez, voici la moitié de ma ré-
serve.
mon dévouement pour vous – soit ainsi méconnu? Ne tentez
pas ma misère, - de peur qu’elle ne me fasse perdre la tête,
- et que je ne vous reproche les services – que je vous ai
rendus.
votre voix ni vos traits. – Je hais l’ingratitude dans un
homme plus – que le mensonge, la vanité, le bavardage,
l’ivrognerie, - ou tout autre vice dont le ferment corrup-
teur – est dans notre sang débile.
voyez là, - je l’ai arraché, déjà à demi-englouti, aux
mâchoires de la mort; - je l’ai secouru, et avec quelle af-
fectueuse ferveur! – A son image, qui me semblait res-
pirer – les plus vénérables vertus, j’ai rendu un culte.
tu as déshonoré une noble physionomie. – Dans la nature il
n’y a de laideur que celle de l’âme. – Nul ne peut être
appelé difforme que l’improbe. – La vertu est la beauté.
Quant au vice beau, - cen n’est qu’un coffre vide, surchargé
d’ornements par le démon!
allons, monsieur.
dirait –qu’il est convaincu; moi, je ne le suis pas encore.
- Ne me trompe pas, imagination, oh! ne me trompe pas,
- et puissé-je, frère chéri, avoir été prise pour vous!
choter entre nous deux ou trois sages sentences.
vivant dans mon miroir; traits pour traits, - tel était le
visage de mon frère; il allait – toujours dans ce costume;
même couleurs, mêmes ornements; - car je l’imite en
tout... Oh! si cela est, - les tempêtes sont miséricor-
dieuses, et la vague amère est douce et bonne!
Sa déshonnêteté se manifeste en abandonnant son ami, là,
dans le besoin, et en le reniant; et quant à sa couardise,
interrogez Fabien.
dise.
encore.
SCÈNE XVI.
vous chercher?
ne vous suis pas envoyé par madame pour vous dire de
venir lui parler! Votre nom n’est pas monsieur Césario, et
ceci non plus n’est pàs mon nez! Rien de ce qui est, n’est.
nais pas.
grand personnage, et maintenant il l’applique à un fou.
Éventer ma folie! J’ai bien peur que ce grand badaud,
le monde, ne soit qu’un gobe-mouches... Voyons, je t’en
prie, dessangle ton étrangeté, et dis-moi ce que je dois
éventer à madame: lui éventerai-je que tu viens?
l’argent pour toi... Si vous restez plus longtemps, - je
paierai en monnaie moins agréable.
de l’argent aux fous, s’assurent une bonne réputation pour
un bail de quatorze ans.
tous les gens sont fous ici?
maison.
dans l’une de vos cottes pour quatre sous.
façon; je lui intenterai une action pour voies de fait, s’il
existe des lois en Illyrie. Quoique je l’aie frappé le pre-
mier, peu importe.
jeune soldat, rengaînez cette lame; vous êtes bien trempé;
allons.
Que prétends-tu maintenant? – Si tu oses me provoquer
encore, tire ton épée.
ou deux de ce sang insolent.
gible, - fait pour les montagnes et les antres barbares –
où l’urbanité ne fut jamais prêchée! Hors de ma vue! –
Ne soyez pas offensé, cher Césario... – Rustre, va-t-en... Sortent sir Tobie, sir André et Fabien. A Sébastien.
Je t’en prie, doux ami, - que ta noble raison, et non ta
passion, te guide – en présence de cet incivil et inique
attentat – contre ton repos. Rentre avec moi; - et quand
tu sauras combien de folles équipées – a commises cet in-
fâme, tu – souriras de celle-ci. Viens, il le faut; - ne me
refus pas. Maudit soit-il, - d’avoir fait frémir en toi mon
pauvre coeur!
Ou je suis fou ou ceci est un rêve. – Soit! que l’illusion
continue de plonger mes sens dans son Léthé! – Si c’est pour
rêver ainsi, puissé- je dormir toujours!
SCÈNE XVII.
fais-lui accroire que tu es sir Topas, le curé; hâte-toi; je
vais chercher sir Tobie pendant ce temps-là.
à Dieu que je fusse le premier qui eût dissimulé sous une
pareille robe! Je ne suis pas assez gras pour bien remplir
la fonction, ni assez maigre pour être réputé bon savant;
mais autant vaut être honnête homme et bon ménager
qu’homme habile et grand clerc. Voici les confédérés qui
entrent.
tuellement à une nièce du roi Gorboduc le vieil ermite de
Prague, qui n’avait jamais vu ni plume ni encre: Ce qui
est, est. Ainsi, moi, étant monsieur le curé, je suis mon-
sieur le curé. Car qu’est-ce que cela, sinon cela? Qu’est-ce
qu’être, sinon être? SIR TOBIE, montrant une pièce où est enfermé Malvolio.
A lui, sir Topas!
tique.
dame!
homme! Tu ne parles donc que de dames?
sir Topas, ne croyez pas que je sois fou; ils m’ont enfermé
ici dans d’affreuses ténèbres.
plus modestes; car je suis de ces bonnes gens qui traietent
le diable même avec courtoisie. Tu dis que cette salle est
ténébreuse?
des barricades; et les croisées du côté du sud-nord sont lus-
trées comme l’ébène; et pourtant tu te plains de l’obscurité!
est ténébreuse.
ténèbres que l’ignorance, dans laquelle tu es plus empêtré
que les Égyptiens dans leur brouillard.
rance, l’ignorance fût-elle aussi ténébreuse que l’enfer; et
je dis qu’il n’y a jamais eu d’homme aussi indignement
traité; je ne suis pas plus fou que vous ne l’êtes; faites-en
l’épreuve dans un interrogatoire régulier.
sauvage?
dans un oiseau.
ment son opinion.
naîtrai du bon sens que quand tu soutiendras l’opinion de
Pythagore, et quand tu craindras de tuer une bécasse de
peur de déposséder l’âme de ta mère-grand. Adieu!
voit pas.
comment tu le trouves. Je voudrais que nous fussions con-
grûment dépêtrés de cette farce. S’il peut être mis en
liberté sans inconvénient, je désire qu’il le soit; car je
suis maintenant tellement mal avec ma nièce que je ne
puis sans imprudence pousser cette plaisanterie à l’extrême.
Viens tout à l’heure dans ma chambre.
Dis-moi comment va ta dame.
Qui appelle? hein!
chandelle, une plume, de l’encre, et du papier; foi de gen-
tilhomme, je vivrai pour te prouver ma reconnaissance.
vos cinq esprits?
je suis dans mon bon sens, fou, aussi bien que toi.
de bon, si vous n’êtes pas plus dans votre bon sens qu’un
fou.
nèbres, m’envoient des ministres, des ânes, et font tout
ce qu’ils peuvent pour me faire perdre l’esprit.
Malvolio, Malvolio, que les cieux restaurent tes esprits!
tâche de dormir et laisse-là ton vain charabias.
Qui, moi, monsieur? je ne lui parle pas, monsieur.
Qu’Dieu v’s soit en aide, bon sir Topas!... Ma foi, amen!...
D’accord, monsieur, d’accord.
sieur? on me gronde quand je vous parle.
t’affirme que j’ai mon bon sens autant qu’homme en
Illyrie.
de la lumière; et puis transmets à madame ce que j’aurai
écrit; et jamais tu n’auras plus gagné à porter une lettre.
est-il vrai que vous n’êtes pas fou, ou faites-vous le malin?
vu sa cervelle. Je vais vous chercher de la lumière, du
papier et de l’encre.
t’en prie, pars.
Et tout à l’heure, monsieur,
Je reviens à vous,
Pour pourvoir à vos besoins,
En un clin d’oeil,
Comme l’antique bouffon,
Qui, avec un sabre de bois,
Dans sa rage et dans sa furie,
Comme un fol enfant,
Criait au diable: Ah! ha!
Rogne tes ongles, papa,
Adieu, bon cacochyme!
SCÈNE XVIII.
- Cette perle qu’elle m’a donnée, je la sens, je la vois; -
et quelle que soit l’extase qui m’enivre vinsi, - ce n’est
pas de la folie... Où est donc Antonio? – Je n’ai pas pu
le trouver à l’Éléphant; - pourtant il y a été, et j’ai reçu
là avis – qu’il était allé parcourir la ville pour me cher-
cher. – Ses utiles conseils en ce moment auraient été
de l’or pour moi; - car mon intelligence, aidée de mes
sens, a beau se rendre compte – qu’il y a ici quelque
erreur, et non de la folie; - pourtant cet accident, ce dé-
luge de bonnes fortunes – est tellement inouï, tellement
inexplicable – que je serais tenté de n’en pas croire mes
yeux – et de quereller ma raison qui se refuse – à ad-
mettre que je sois fou – ou que cette dame soit folle;
mais, si elle l’était, - elle ne pourrait pas gouverner sa
maison, commander à ses gens, - prendre en main les
affaires et les renvoyer dûment expédiées – avec ce calme,
cette mesure, cette fermeté – que je remarque dans toute
sa conduite; il y a là dessous – quelque énigme... Mais voici
la dame.
sont bonnes, - venez maintenant avec moi et avec ce saint
homme – à la chapelle voisine; là, en sa présence, - et
sous ce toit consacré, - engagez-moi votre foi en pleine
assurance, - de sorte que mon âme trop jalouse et trop in-
quiète – puisse vivre en paix. Il gardera le secret de notre
union, - jusqu’à ce que vous vous décidiez à la rendre
publique; - et alors nous en ferons une célébration –
digne de ma naissance. Qu’en dites-vous?
vous ayant juré fidélité, je serai à jamais fidèle.
ciel resplendissant – marque de tout son éclat l’acte que
je vais accomplir.
SCÈNE XIX.
redemandais en récompense.
çon?
mais moins bien de mes amis.
un âne; mes ennemis au contraire me disent franchement
que je suis un âne; si bien que par mes ennemis, mon-
sieur, j’arrive à me mieux connaître moi-même, et que par
mes amis je suis abusé. Si donc, en fait de raisonnement
comme en fait de baisers, quatre négations valent deux af-
firmations, j’ai raison de dire que je me trouve moins bien
de mes amis et mieux de mes ennemis.
mes amis.
vous prierais de faire récidive.
poche, et que la chair et le sang obéissent!
encore de l’or.
verbe dit que le troisième coup répare tout. Le triplex, mon-
sieur, c’est une mesure fort dansante; les carillons de
Saint-Benoît vous le rappelleraient au besoin, monsieur.
Une, deux, trois!
vous voulez faire savoir à votre maîtresse que j’attends ici
pour lui parler, et si vous la ramenez avec vous, peut-
être ma munificence s’éveillera-t-elle encore.
que je revienne. Je pars, monsieur; mais je ne voudrais
pas que vous pussiez supposer que mon désir de posséder
est péché de convoitise; pourtant, comme vous dites, que
votre munificence fasse un petit somme, je vais le réveiller
tout à l’heure.
fois que l’ai vue, elle était charbonnée, - comme la face
noire de Vulcain, par la fumée de la guerre; - il était le
capitaine d’un chérif navire – dont le faible tirant d’eau et
les proportions faisaient pitié; - et il a donné un si terri-
ble abordage – au plus noble bâtiment de notre flotte –
que l’envie même et la voix de la défaite – criaient: Hon-
neur et gloire à lui!... De quoi s’agit-il?
Phénix et sa cargaison; - voici celui qui attaqua le Tigre
à cet abordage – où votre jeune neveu Titus perdit la
jambe; - ici, dans les rues, où l’égarait une impudence
désespérée, - au milieu d’une querelle particulière nous
l’avons arrêté.
ma défense; - mais, à la fin, il m’a adressé d’étranges
paroles, - je ne sais plus quelles folies!
hardiesse t’a donc livré à la merci de ceux – qu’à des condi-
tions si sanglantes et si rigoureuses – tu as faits tes en-
nemis?
noms que vous me donne; - jamais Antonio ne fut ni un
écumeur ni un pirate, - quoiqu’il soit, pour des motifs
suffisants, j’en conviens, - l’ennemi d’Orsino. Un sorti-
lége m’a attiré ici: - ce garçon ingrat entre tous, que
voilà, à votre côté, - je l’ai arraché à la bouche enragée et
écumante – de la rude mer. Il n’était plus qu’une épave
désespérée; - je lui donnai la vie, et, avec la vie, - mon
affection, sans réserve, sans restriction, - mon dévoue-
ment absolu. Pour lui, - par pure amitié, je me suis ex-
posé – aux dangers de cette ville ennemie; - j’ai tiré
l’épée pour le défendre quand il était attaqué; - j’ai été
arrêté, et c’est alors qu’inspiré par une lâche dissimulation,
- ne voulant pas partager mes périls, - il m’a renié en face,
- et qu’il est devenu, en un clin d’oeil, comme un étranger –
qui m’eût perdu de vue depuis vingt ans; il m’a refusé ma
propre bourse, - que j’avais mise à sa disposition – une
demi-heure à peine auparavant.
intérim, sans interruption même d’une minute, - nuit et
jour nous avons vécu ensemble.
sur la terre!... – Quant à toi, l’ami, l’ami, tes paroles sont
folie pure: - il y a trois mois que ce jeune homme est à
mon service. – Mais nous reparlerons de ça tout à l’heure.
Qu’on le tienne à l’écart.
Et quel service Olivia peut-elle lui rendre? A Viola.
- Césario, vous ne tenez pas votre promesse.
lence.
est aussi fastidieuse et aussi désagréable à mon oreille –
qu’un hurlement après une musique.
à vos autels ingrats et néfastes – mon âme n’a-t-elle pas
murmuré les offres les plus ferventes – que jamais ait ima-
ginées la dévotion? Que puis-je faire?
de lui.
comme le bandit d’Égypte au moment de mourir, - et ne
tuerais-je pas ce que j’aime? Jalousie sauvage, - mais
qui parfois a de la noblesse! Écoutez ceci: - puisque vous
jetez ma foi au rebut, et que je crois connaître l’instru-
ment – qui me retire ma place légitime dans votre faveur,
- vivez, vivez toujours, despote au coeur de marbre; -
mais ce mignon que vous aimez, je le sais, - et que moi-
même, j’en jure par le ciel, je chéris tendrement, - je
vais l’arracher à ce regard cruel – où il trône pour l’humi-
liation de son maître. – Viens, page, viens avec moi; mes
pensées sont mûres pour l’immolation; - je vais sacrifier
l’agneau que j’aime, - pour dépiter cette colombe au coeur
de corbeau!
- je subirais mille morts pour vous rendre le repos.
ma vie, - plus, bien plus que je n’aimerai jamais aucune
femme. – Si je mens, vous, témoins d’en haut, - punissez
ma vie de cet outrage à mon amour!
- Qu’on fasse venir le saint pasteur.
étouffer ta dignité. – Ne crains rien, Césario, porte haut ta
fortune; - sois ce que tu sais être, et alors tu seras – aussi
grand que celui que tu crains. Rentrent le Prêtre et le valet.
Oh! tu es le bienvenu, mon père!... – Mon père, je te
somme, au nom de ton ministère sacré, - de révéler ici
ce que tu sais; nous avions l’intention – de garder ce
secret, mais la force des choses – le décèle avant qu’il soit
mûr; dis donc – ce qui s’est passé tout à l’heure entre ce
jeune homme et moi.
par la mutuelle étreinte de vos mains, - attesté par le saint
contact de vos lèvres, - fortifié par l’échange de vos an-
neaux; - et toutes les cérémonies de cet engagement – ont
été scellées de mon témoignage dans l’exercice de mon
ministère. – Ma montre me dit que depuis lors je n’ai fait
vers ma tombe – que deux heures de chemin.
temps aura fait grisonner tes cheveux? – Prends-y garde,
une perfidie à ce point précoce – pourrait bien te précipiter
dans tes propres embûches! – Adieu; prends-la; mais
dirige tes pas – là où, toi et moi, nous ne puissions plus
nous rencontrer.
sive que soit ta crainte.
immédiatement à sir Tobie.
toupet de sir Tobie. Pour l’amour de Dieu, du secours! Je
voudrais pour quarante livres être chez moi.
l’avions pris pour un couard, et c’est le diable incarné.
Vous m’avez rompu la tête pour rien; ce que j’ai fait,
j’ai été poussé à le faire par sir Tobie.
fait de mal. – Vous avez, sans cause, tiré l’épée contre
moi; - mais je vous ai parlé doucement, et je ne vous ai
pas fait de mal. –
je vois que pour vous un toupet en sang n’est rien. Entre sir Tobie, ivre, conduit par Feste.
Voici sir Tobie qui arrive clopin-clopant; vous allez en
apprendre d’autres; mais, s’il n’avait pas tant bu, il vous
aurait chatouillé d’une autre manière.
Sot, as-tu vu Dick le chirurgien, sot?
étaient déjà allumées à huit heures du matin.
ce que je hais le plus, c’est un coquin ivre.
rable état?
ensemble.
que, buse!
sure!
- mais, eût-il été le frère de mon sang, - je n’aurais pas
pu moins faire par prudence et pour ma sûreté. – Vous
me regardez d’un air étrange, et – je vois par là que je
vous ai offensée. – Pardonnez-moi, charmante, au nom
même des voeux – que nous nous sommes adressés l’un à
l’autre, il y a si peu de temps.
personnes! – Réfraction naturelle qui est et n’est pas!
m’ont torturé et tenaillé, - depuis que je t’ai perdu!
pomme, coupée en deux, n’a pas de moitiés plus jumelles-
que ces deux créatures. Lequel est Sébastien?
- et je n’ai pas dans mon essence le don divin – d’ubi-
quité. J’avais une soeur – que les vagues et les flots aveu-
gles ont dévorée... A Viola.
- De grâce, quel parent ai-je en vous? – quel compa-
triote? quel est votre nome, quelle est votre famille!
Sébastien aussi était mon frère: - c’est ainsi vêtu qu’il est
descendu dans sa tombe houleuse. – Si les esprits peuvent
assumer une forme et un costume, - vous êtes apparu pour
nous effrayer.
tions grossières – que je tiens de la matrice. – Si vous
étiez une femme, tout s’accorde si bien du reste – que je
laisserais couler mes larmes sur vos joues, - en m’écriant:
Sois trois fois la bienvenue, naufragée Viola!
sance – comptait treize années.
en effet, son action mortelle – le jour où ma soeur atteignit
treize ans.
habillement masculin usurpé par moi, - ne m’embrassez
pas, que toutes les circonstances – de lieux, de temps, de
fortune, n’aient concouru à prouver – que je suis Viola.
Afin de vous le démontrer, - je vais vous mener dans cette
ville voir un capitaine – chez qui sont déposés mes vête-
ments de fille; c’est par son généreux secours – que j’ai
été sauvée pour servir ce noble comte. – Depuis lors tou-
tes les occupations de ma vie – ont été partagées entre cette
dame et ce seigneur.
- mais la nature en cela a suivi sa pente. – Vous vouliez
vous unir à une vierge; - et, sur ma vie, nous n’aurez pas
été décue dans ce désir, - car vous avez épousé à la fois
homme et vierge.
ble. – Si tout cela est vrai, comme la réflexion le fait croire,
- j’aurai ma part dans ce très-heureux naufrage. A Viola.
- Page, tu m’as dit mille fois – que tu n’aimerais ja-
mais une femme à l’égal de moi.
tous ces serments, mon âme les gardera aussi fidèlement-
que ce globe radieux garde la flamme – qui distingue le
jour de la nuit.
ments de femme.
habits de fille; il est maintenant en prison – pour je ne
sais quelle affaire, à la requête de Malvolio, - un gentil-
homme de la suite de madame.
lio! – mais, hélas! je me rappelle à présent, - on dit
qu’il est tout à fait dérangé, le pauvre homme. Rentre Feste, tenant une lettre à la main, et accompagné de Fabien.
- L’exaltation de mon propre délire – avait absolument
banni le sien de ma mémoire. A Feste.
Comment est-il, maraud?
bien que peut le faire un homme dans son cas. Il vous a écrit
un lettre; j’aurais dû vous la remettre ce matin; mais,
comme les épîtres d’un fou ne sont pas des évangiles, peu
importe quand elles sont remises.
que le bouffon sert d’interprète au fou. Il lit avec des gestes et une voix d’extravagant.
Par le ciel, madame...
veut que je le fasse comme il faut, elle doit permettre que
j’y mette le ton.
ment, il faut que je lise ainsi. Ainsi attention, ma prin-
cesse, et prêtez l’oreille.
le saura; quoique vous m’ayez mis dans les ténèbres et que
vous ayez donné à votre ivrogne d’oncle tout pouvoir sur
moi, je n’en jouis pas moins de mon bon sens, tout aussi
bien que Votre Excellence. J’ai la lettre de vous qui m’a
prescrit la tenue que j’ai prise; et, grâce à cette lettre, je ne
doute pas de me justifier grandement ou de vous confondre
grandement. Pensez de moi ce que vous voudrez. Je mets la
déférence un peu de côté, et je parle sous l’inspiration de
- Monseigneur, veuillez, toute réflexion faite, - m’a-
gréer pour soeur comme vous m’eussiez agréée pour femme.
- Le même jour couronnera, s’il vous plaît, cette double
alliance, - ici, dans ma maison et à mes frais.
pressement. A Viola.
- Votre maître vous donne congé; mais, en retour des
services que vous lui avez rendus, - services si opposés
à la nature de votre sexe, - si fort au-dessous de votre
délicate et tendre éducation, - puisque vous m’avez ap-
pelé si longtemps votre maître, - voici ma main! Vous
serez désormais – la maîtresse de votre maître.
volio?
{}toire.
je vous prie. – Vous ne pouvez pas nier que ce ne soit là
votre écriture; - ayez une autre écriture, un autre style,
si vous pouvez! – Ou encore dites que ce n’est pas votre ca-
chez, votre tour. – Vous ne pouvez contester rien de tout
ça. Eh bien, convenez-en donc; - et expliquez-moi, dans
toute la mesure de l’honneur, - pourquoi vous m’avez
donné des marques de faveur aussi éclatantes, - en me di-
sant de venir à vous le sourire aux lèvres, les jarretières
en croix, - de mettre des bas jaunes et de regarder de haut
- sir Tobie et les gens subalternes. – Puis, quand j’ai
obéi dans un déférent espoir, - pourquoi avez-vous per-
mis que je fusse emprisonné, - enfermé dans une chambre
noire, visité par un prêtre, - et que je devinsse le plastron
le plus ridicule – que jamais mystification ait joué? Expli-
quez-moi pourquoi.
bien que, je le confesse, elle lui ressemble beaucoup; -
mais sans nul doute c’est la main de Maria. – Et, je me
rappelle maintenant, c’est elle – qui tout d’abord m’a dit
que tu étais fou; et alors tu es arrivé tout souriant, - et
avec toutes les allures qui t’étaient prescrites – dans la
lettre. Je t’en rpie, calme-toi; - c’est un tour des plus
malicieux qu’on t’a joué là; - mais, quand nous en connaî-
trons les motifs et les auteurs, - je veux que tu sois juge
et partie – dans ta propre cause.
qu’aucune querelle, aucune dispute ultérieure – trouble
cette heure propice – dont je suis émerveillé. Dans cet es-
poir, - j’avouerai très-franchement que c’est moi-même et
Tobie – qui avons imaginé ce complot contre Malvolio –
en expiation de certains procédés fâcheux et discourtois –
que nous avions à lui reprocher. Maria a écrit – la lettre,
sur les instances pressantes de sir Tobie – qui, pour l’en
récompenser, l’a épousée. – Quelque malicieuse qu’ait été
la farce qui a suivi, - on reconnaîtra qu’elle doit exciter le
rire plutôt que la rancune, - si l’on pèse impartialement
les torts – qu’il y a eu des deux côtés.
acquièrent les grandeurs, et d’autres à qui elles s’imposent.
Je jouais, monsieur, dans cet intermède, un certain sir
Topas, monsieur; mais c’est égal. Par le ciel, fou, je ne
suis pas en démence. Mais aussi vous souvenez-vous? Ma-
dame, pourquoi vous amusez-vous d’un si chétif coquin?
Dès que vous ne souriez plus, il est bâillonné. Et c’est ainsi
que le tour de roue du temps amène les représailles.
nous a encore rien dit du capitaine. – Quand cette affaire
sera éclaircie et que le radieux moment sera venu, - une
solennelle union sera faite – de nos chères âmes... D’ici
là, charmante soeur, - nous ne nous en irons pas d’ici...
Césario, venez; - car vous resterez Césario, tant que vous
serez un homme; - mais, dès que vous apparaîtrez sous
d’autres vêtements, - vous serez la bien-aimée d’Orsino et
la reine de ses caprices.
Par le vent, le pluie, hé! ho!
Une folie n’était qu’enfantillage,
Car il pleut de la pluie tous les jours.
Mais quand je vins à l’état d’homme,
Par le vent et la pluie, hé! ho!
Contre filou et voleur chacun fermait sa porte,
Car il pleut de la pluie tous les jours.
Mais quand je vins, hélas! à prendre femme,
Par le vent et la pluie, hé! ho!
Jamais dissipation ne put me réussir,
Car il pleut de la pluie tous les jours.
Mais quand je venais à mon lit,
Par le vent et la pluie, hé! ho!
Avec des buveurs toujours je m’étais soûlé.
Car il pleut de la pluie tous les jours.
Jà dès longtemps le monde a commencé,
Par le vent et la pluie, hé! ho!
Mais peu importe; notre pièce est finie,
Et nous tâcherons de vous plaire tous les jours.