Texto utilizado para esta edición digital:
Montchrestien, Antoine de. Tragédie de la Reine d’Écosse. 1604. Édité et annoté par María del Carmen Aguilar Camacho, pour la Bibliothèque Numérique EMOTHE. Valencia: EMOTHE Universitat de València, 2024.
- Carmen Cerdán, Rodrigo
 
Note sur cette édition
Cette publication fait partie du projet I+D+i «EMOTHE: Second Phase of Early Modern Spanish and European Theatre: heritage and databases (ASODAT Third Phase)», référence PID2022-136431NB-C65 financé par MICIN/AEI/10.13039/501100011033 et FEDER/ERDF.
Note sur le texte
TRAGÉDIE DE LA REINE D'ÉCOSSE À Monseigneur le Prince de Condé Édition nouvelle augmentée par l'Auteur. 1604. Avec privilège du Roi [Par Antoine de Montchrestien, sieur de Vasteville]. À ROUEN. Chez Jean Osmont Libraire dedans la cour du Palais.  
Texte tiré de TRAGÉDIES DE MONTCHRESTIEN. NOUVELLE ÉDITION AVEC NOTICE ET COMMENTAIRE PAR L. PETIT DE JULLEVILLE PROFESSEUR A LA SORBONNE, 1604, pp. 1-56 [BnF YF-2083-2084]).
La Reine d’Escosse de 1604 (L’Escossaise en 1601) traite un sujet contemporain (un des 9 recensés par Forsyth sur les 125, avant 1610: Elliott Forsyth, La tragédie française de Jodelle à Corneille, Paris, Nizet, 1962). La littérature a beaucoup évoqué le drame de Marie Stuart. Montchrestien insiste sur la faiblesse d’Elizabeth face aux états d’Angleterre et aux conseillers; Elizabeth est, comme Marie, aux prises avec le destin tragique.
Le prince de Condé (père du Grand Condé) que Montchrestien dédie ses tragédies, en 1601 et en 1604, fut effectivement son mécène comme il le sera d’Alexandre Hardy. En 1601, Montchrestien veut convaincre le prince de Condé que la tragédie a un rôle moral, parce qu’elle fournit des exemples pour le guider.
L'étude fondamentale sur le théâtre de Montchrestien reste la thèse de Françoise Charpentier: Les débuts de la tragédie héroïque: Antoine de Montchrestien (1575-1621),. Université de Lille III, service de reproduction des thèses, 1981, 712 pages.
ENTREPARLEURS
| Reine d’Écosse | 
| Reine d’Angleterre | 
| Conseiller | 
| D'Avison | 
| Maître d’hôtel | 
| Messager | 
| Page | 
| Chœur des États | 
| Chœur des suivantes de la Reine d’Écosse | 
ACTE I
Superbe: plein de fierté.
encor que misérable.Emploi du comparatif au sens du superlatif.
Tributaires: Ma Tamise lui payerait comme tribut le droit d'être le seul utiliser ses eaux.
eaux;Doute (moins je me): moins je le soupçonne.
, on me brasse la mortNXNota del editorOn complote ma mort.
.Son voyage malheureux lui destinait un autre lieu.
.Vraiment.
dès ce temps arrêtée,Ains: particule d'opposition, qui signifie, Mais. Il est vieilli, et ne se dit guère qu'en raillant dans cette seule phrase. «Ains, au contraire» (Dictionnaire de L'Académie française, 1ère édition).
tâchant seulementSus: interjection dont on se sert pour exhorter, pour exciter. Sus mes amis, sus donc, levez-vous. Or sus dites-nous. Style familier (Dictionnaire de l'Académie française, 4ème édition).
On dit aussi par exclamation, Sus donc, Or sus, pour exciter quelqu'un à prendre courage. Sus debout. Sus, camarade, marchons. (Le Robert. Dict. en ligne).
En présence.
de leurs pères,Giron de leurs mères: espace qui est depuis la ceinture jusqu'aux genoux dans une personne assise.
de leurs mères,Étant très affligée.
,
Déjà.
levé, la chose est trop connue:Les Espagnols.
;La Parque Atropos coupait la trame de la vie.
,Tout est indifférent le sacré comme le profane.
,La mauvaise action n'est pas punie.
et le bienfait sans gréNXNota del editorLa bonne action n'apporte pas de plaisir.
.) Pri': prie, l'apostrophe évite les 13 pieds.
' de remettre en mémoire,Tenté de nouveau.
,
Écartés du devoir.
,Les Anciens disaient que les petits de la vipère tuent leur mère en naissant.
,
Mer calme après un orage.
et le vent bien tourné,
Hercule.
.
Sans plus (de Dieu tiennent): ne tiennent que de Dieu.
.
Semond: invite.
d'y songer.
Croissent leurs adversaires: augmente le nombre de leurs adversaires. Verbe actif seulement en poésie.
,
On choisit le moindre.
.
Qui peut vous en empêcher?
?
À ceux qui nous laisserons la paix, nous accorderons la paix; à ceux qui nous ferons la guerre, nous apporterons la guerre.
à qui la guerreNXNota del editorÀ ceux qui nous laisserons la paix, nous accorderons la paix; à ceux qui nous ferons la guerre, nous apporterons la guerre.
.
Aye entrepris (qu'elle): qu'elle ait entrepris.
.
Une fois.
cette voie éprouver;
Néanmoins il ne faut pas le mettre.
.
Inversion, trop grande rigueur nous amène la facilité des mépris.
.
Fors: excepté.
à votre devoir.
Los: «s. m. Vieux mot qui signifie, Louange, & qui n'est plus en usage que dans le burlesque» (Dictionnaire de L'Académie française, 1ère édition).
extrême.
Avettes: abeilles.
le Roi porte en sa républiqueNéanmoins jamais il ne pique.
.
Manquent gravement à leur devoir.
.
Choisir une solution moyenne.
Ne s'égare.
,
Innocente tête.
,
S'elle: si elle, évite le hiatus.
peut un coup échapper de la chaîne,
Faisant grâce, pardonnant.
,
Libre de souffrance, sans souffrance.
,Libre, exempt de peur et de soi.
,ACTE II
Te demander de tenir ta promesse.
,Faux de parole: manque de parole.
,Ains: particule d'opposition, qui signifie, Mais. Il est vieilli, et ne se dit guère qu'en raillant dans cette seule phrase. «Ains, au contraire» (Dictionnaire de L'Académie française, 1ère édition).
que tu permettras que la juste sentenceAye son libre cours: ait son libre cours. Aye permet d'avoir 12 pieds.
son libre cours,Là résolus (en sont): en sont maintenant résolus. Là est fautif, il devrait y avoir jà.
résolus,Temps (il n'est): ce n'est pas le moment.
qu'au pardon ta bonté se hasarde,Le bris: le débris.
,L'apostrophe évite les 13 pieds.
ont tant de bien permis
Public. Publique était au Moyen âge la forme usuelle pour public.
et le mien m'y convie.Courts (deux): deux Cours.
.
Sa mine est éventée: au figuré, ses desseins sont découverts.
.
Pifres: joueur de fifre.
d'Espagne, aujourd'hui son dangerBER, subst. masc. Synon. de berceau. CNRTL: Centre National de Ressources textuelles et Lexicales, version 2012. UMR ATILF (CNRS-Nancy Université). Site internet: http://www.cnrtl.fr/. http://www.atilf.fr/dmf.
suffoquer cet effortNXNota del editorÉtouffer cet effort.
;
Éprouve (je n'en): je n'en approuve.
,
Démon anglais (le): le génie de l'Angleterre.
Anglais des autres le vainqueur,
On le blasonnerait: on le décrirait, on le dépeindrait.
cruel, vindicatif,Comme un caméléon il prend la couleur de ce qu'il aproche.
,En 1604, on peut faire ou ne pas faire l'accord du participe avec le verbe avoir.
sous ma puissanceHyrcanie: Province de Perse au sud de la mer Caspienne.
,Il faut lire me et non ne.
diffame aux étrangères Dames,Tout le monde a plaint ses peines, tenant pour ainsi dire ses fers avec elle.
, et libre de ses fersNXNota del editorTout le monde a plaint ses peines, tenant pour ainsi dire ses fers avec elle.
,
Et, toutefois, elle court à son terme.
Le moment de la mort est inconnu.
.Couper la tête à une humaine belle comme une Déesse.
ACTE III
Montrer un très grand courage.
D'un tombeau.
.Mille têtes naîtront.
d'une tête coupée;Ne soyons plus rétif.
, ne tardons davantage.Vieux. Interjection marquant l'indifférence, le dédain.
, l'on me tiendra pour ma témérité,Antithèse qui plaisait au goût du temps.
.
La pourette: la pauvrette (la raison) sorte pour laisser la place à la passion.
À l'allure déréglée.
.La force manque.
,
Ni encore moins sur une aucune Reine.
Déploré: désespéré, qui n'apporte plus d'espoir.
,Divisé dans le choix d'entreprendre quelque chose de grand.
,Combien peuvent ses funestes augures.
,Au sens actif, ta grâce qui a pitié.
?Ce mot est masculin dans plusieurs auteurs anciens.
fardé de nouveauté,Terme vieilli. Courroux, colère.
Font des coupures dans l'ombrage des nuages.
:
grand bavardage, ou peut-être, grand compte, grande importance.
.
Votre conduite.
DÉPORTEMENT, subst. masc.
A.− Littér., gén. au plur. Écart dans la conduite, excès. Déportements de charité (Fabre, Courbezon, 1862, p. 324).
− En partic. Dérèglement des mœurs, mauvaise conduite. Déportements scandaleux (Ac.1798-1932). Synon. débordement. Des femmes que leurs passions et leurs déportements ont rendues illustres: Médée, Didon, Phèdre (CNRTL: Centre National de Ressources textuelles et Lexicales, version 2012. UMR ATILF (CNRS-Nancy Université). Site internet: http://www.cnrtl.fr/. http://www.atilf.fr/dmf).
Mauvais désir.
s'efface.
Grâce.
.Grande Princesse, l'apostrophe évite les 13 pieds.
.
Presque éteints.
,
Toutefois.
est-ce un bien aux bons, qui par le cours des ansConcitoyens.
COMBOURGEOIS, OISE, subst.
[En partic. en Suisse] Vx. Celui, celle qui habite la même ville; celui, celle qui y possède le droit de bourgeoisie. Phèdre (CNRTL: Centre National de Ressources textuelles et Lexicales, version 2012. UMR ATILF (CNRS-Nancy Université). Site internet: http://www.cnrtl.fr/. http://www.atilf.fr/dmf).
A commencé sa course.
,Nocher: s. m. Celui qui gouverne, qui conduit un vaisseau. Il n'a guère d'usage qu'en poésie. «Un habile Nocher» (Dictionnaire de L'Académie française, 1ère édition). Pilote (Furetière: Dictionnaire universel).
ennuyé de voguer dessus l'eauPitoyable: enclin à la pitié.
PITOYABLE, adj.
A. Vx. Qui a pitié, qui est enclin à éprouver ce sentiment. Anton. Impitoyable. Âme, cœur pitoyable. Cette tendresse pitoyable des paysans pour les pauvres soldats emmenés en captivité (Zola, Débâcle, 1892, p. 470). Ils disaient qu'ils avaient trouvé le roi Charles doux, gracieux, pitoyable et miséricordieux (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 507). Maintenant, il pouvait partir; il s'en irait en une gratitude infinie (...). Il l'avait vue douce, bonne, pitoyable, ce qu'elle était, enfin (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 95):
B.1. Au lieu de se montrer terrible et dure envers les vaincus, comme en germinal et en prairial, la Convention cette fois fut très douce et pitoyable, elle ne fusilla que deux insurgés et ne déporta personne. Erckm. -Chatr., Hist. Paysan, t. 2, 1870, p. 378.
C.♦ Pitoyable à. Être pitoyable à la souffrance de qqn. Elle devenait véritablement éloquente, maternelle aux misérables, pitoyable aux opprimés (Huysmans, À rebours, 1884, p. 110).
− [P. méton.] Lieux pitoyables. Les hôpitaux, maladreries, etc., où l'on exerce l'hospitalité, la charité (Ac. 1798-1878). (CNRTL: Centre National de Ressources textuelles et Lexicales, version 2012. UMR ATILF (CNRS-Nancy Université). Site internet : http://www.cnrtl.fr/. http://www.atilf.fr/dmf.
De par le commandement de Dieu.
:Jaçoit: adv. Combien que. «Jaçoit que vous soyez, etc.» (Dictionnaire de L'Académie française, 1ère édition). Terme vieilli.
Jaçoit que: ancienne conjonction signifiant quoique, bien que. L'ancienne conjonction était jà soit ce que. L'orthographe par ç est fausse (Littré : Dictionnaire de la langue française).
Si: toutefois.
ne le peuvent-ils; là je dois arriver:
Piéça: Il y a longtemps, il y a quelque temps. Terme vieilli.
tous nos premiers parentsFoul: fol, fou.
il se déclarerait:Ne décidera de différer sa mort.
Qui craint: ce vers devrait être au vers précédent après homme pour le sens.
:Pour lui faire craindre.
l'heure du trépas,Qui peint: Ce vers devrait être à la place de il dans le vers précédent, pour le sens.
.Héritage des fils puinés des Rois de France.
;Possible, sauf ne plus désirer plus.
.Mouvement soudain.
ACTE IV
Se radopte: s'attache de nouveau.
à sa tige éternelle,Abraham, père de tous les Hébreux.
par vous elle soit transportéeQue sera ce que j'ai imaginé en comparaison de ce qui sera vraiment.
si parvenue au Cieux,Fiché: fixé.
Serf: esclave, non attaché à la terre, mais à la personne.
,RAMENTEVER, verbe trans.,
Vx, littér., rare ou region. (Champagne). Remettre en mémoire, rappeler au souvenir. Mon arrivée à Charleroi dans une famille exquise ne m'en a pas moins fait ramentevoir de quelques vers écrits par moi (...) en 1872 (Verlaine, Souv. et fantais., 1896, p. 180). Elle fut (...) tentée de sauter du haut du donjon (...) elle savait bien tout ce qu'on pouvait lui dire à l'encontre, elle entendait ses Voix le lui ramentevoir (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 205).
− Empl. pronom. Se remettre une chose en mémoire; se rappeler, se remémorer, se souvenir (d'une chose). La vieille se ramentevait que quelque temps après sa première communion (...) M. le curé l'avait prise sur ses genoux (France 1907). (CNRTL: Centre National de Ressources textuelles et Lexicales, version 2012. UMR ATILF (CNRS-Nancy Université). Site internet : http://www.cnrtl.fr/. http://www.atilf.fr/dmf.
Ne vient pas prononcer un jugement.
Ne querelle pas.
Dam: dommage, damnation.
:Disparaître les brouillards.
Poix dangereux: poids trop élevé.
ne soit point retenue,Où les cœurs: inversion, où les cœurs, soudains à la guerre, etc., ne sont point maîtres de leurs mouvements.
sont partis d'étranges factionsNXNota del editorPartis d'étranges factions: des clans, des partisans d'étranges factions.
,Régner te faut: il est nécessaire que tu règnes, et non régner te manque.
Henri II, fils de François Ier et de Claude de France.
, Monarque glorieux,Pays d'Asie entre la Judée, l'Égypte et l'Arabie Pétrée.
.François II, fils de Henri II et de Catherine de Médicis.
,François (l'air): l'air français.
brillez plus vivement,Sereinons: rendons serein.
notre face
Ambroisie: mets des divinités de l'Olympe.
Nectar: la boisson des Dieux.
qui de la fantaisieACTE V
Regarder en imagination, non par les yeux du corps.
Certes je fusse mort: assurément je serais mort.
au milieu de mes pas,OURS, subst. masc.
d) [P. réf. au caractère réputé solitaire, brusque et maladroit de l'ours] Personne peu engageante, sans manière, qui fuit toute relation avec autrui. (CNRTL: Centre National de Ressources textuelles et Lexicales, version 2012. UMR ATILF (CNRS-Nancy Université). Site internet : http://www.cnrtl.fr/. http://www.atilf.fr/dmf.
Manier: maltraiter.
cette unique Beauté,
Ne plus ne moins: ni plus ni moins. Ne = ni est archaisme.
que le sang mercenaire;Tu n'envoies pas ta foudre pour l'empêcher.
!
À gros bouillons: En quantité, intensément.
sur le noir échafaud.
De la main du bourreau. Bourreau, en adjectif, au féminin.
.
Alme – Adjectif: Vieilli. Qui est bienveillant et nourricier. Du latin almus (nourrissant, nourricier, bienfaisant). Considéré comme désuet par Malherbe, le terme a été repris par les poètes au XIXe siècle.
rosée,L'enceinte des Cieux.
.Elle contraint les autres à pleurer.
,Je conquiers, je gagne.
une Palme en ce honteux supplice,Manifestant une allégresse.
plus grande,
Froid: chagrin.
marrisson nous suffoque le cœur!Bruyent: retentissent.
aussi haut que l'orage des flots.
Tant seulement: seulement.
lamenterNXNota del editorLamenter: se lamenter.
pour les mortsUn court somme: un court sommeil.
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Ne lamentons: ne nous lamentons.
Plus faconde en beaux traits: plus fertile en beaux traits d'éloquence.
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