Texto utilizado para esta edición digital:
Mairet, Jean. La Virginie. 1635. Édité et annoté par María del Carmen Aguilar Camacho, pour la Bibliothèque Numérique EMOTHE. Valencia: ARTELOPE - EMOTHE Universitat de València, 2022.
- Carmen Cerdán, Rodrigo
Note sur cette édition numérique
Cette publication fait partie du projet I+D+i "Théâtre espagnol et européen des XVIe et XVIIe siècleS: patrimoine et base de données" référence PID2019-104045GB-C54 (acronyme EMOTHE), financé par MICIN/AEI/10.13039/501100011033.
LA VIRGINIE, TRAGI-COMÉDIE DE MAIRET DÉDIÉE À LA REINE
Paris, Chez Pierre Rocolet, au Palais en la gallerie des Prisonniers, aux Armes de la Ville. M.DC.XXXV
À LA REINE
MADAME,
Si votre naissance n'était pas connue pour une des plus proches du Ciel que nous ayons, ou si vos perfections, et vos vertus n'en étaient adorées de tous les peuples de la terre autant parmi les Nations qui reconnaissent votre Sceptre, et celui des vôtres, comme parmi celles qui doivent révérer, la puissance de l'une de l'autre, je m'efforcerais à l'exemple de ceux qui se sont donné la gloire d'adresser leurs ouvrages à V. M. de lui faire un Panégyrique en cette Épître: mais outre qu'en ceci les meilleures plumes de France ont déjà devancé la mienne, c'est encore mon opinion qu'il est des louanges comme de l'encens, et des plus rares parfums, dont l'abondance, et la fumée, ne laissent pas enfin de faire mal à la tête. De moi si je me croyais assez habile homme, pour oser entreprendre de vous louer, je vous assure MADAME, que vos Couronnes, ni celles de vos Ancêtres, qui composent ordinairement la plus grande partie du discours des autres, ne seraient que la moindre, et la dernière du mien, la hauteur du trône où vous êtes assise, et la splendeur qui vous environne, sont assez visibles d'elles-même aux yeux des peuples les plus reculés de nous, puisqu'il n'est pas jusques à ceux dont les pieds regardent les nôtres, qui ne sachent que vous êtes Nièce d'Empereur, fille de Roi, sœur de Roi, et pour achèvement de gloire, très digne Épouse du plus grand Monarque du monde. C'est particulièrement de cette extrême bonté dont vous êtes si renommée, que je prendrais matière de vous louer, comme d'une qualité que les hommes donnent plus ordinairement à Dieu même, puis qu'entre les deux plus glorieux attributs qu'il en reçoit, celui de Bon a toujous précédé celui de Grand. C'est cette divine qualité, MADAME, qui me donne aujourd'hui l'assurance de présenter á V. M. ces deux Étrangers et qui me fait esperer pour eux autant de protection et de faveurd'une Reine de France, qu'ils en reçurent autrefois d'une Reine d'Épire: Ce mot seul doit suffire à vous les faire connaître pour ce même Périandre, et cette même Virginie à qui vous avez donné deux ou trois fois audience dans votre Louvre. Je les mets donc aux pieds de V. M. qui leur accordera s'il lui plaît la grâce d'y demeurer, et à moi la gloire de pouvoir dire en toute humilité que je suis, MADAME, de votre Majesté, très humble, très fidèle et très obéissant serviteur,
MAIRET
AU LECTEUR
De tous les Poèmes Dramatiques de ma façon, voici celui que j'aime, et que j'estime le plus; tant pour la varieté de les effets, que pour son économie, et sa conduite. Pour le Théâtre, je ne doute point que ceux qui se connaissent en ce genre d'écrire, ne remarquent aisément que ce n'a pas été sans peine et sans bonheur que j’ai pu restreindre tant de matière en si peu de Vers, sans confusion et sans sortir des règles fondamentales de la Scène. Comme je tiens que le propre du Poète est de bien inventer, je me suis proposé de paraître tel en ce sujet: ce que je pense avoir fait selon tous les preceptes d'Aristote: j’y fais voir partout le vraisemblable, et le merveilleux, le vice puni, et la vertu récompensée, et surtout les innocents y sortent de péril, et de confusion, par les mêmes moyens que les méchants avaient inventés pour les perdre, de façon que la malice et le crime, y retournent toujours à leurs Auteurs: ce qui fait chez Aristote la plus noble et la plus ingénieuse partie de l'invention. Que s'il est permis aux pères de se déclarer librement pour leurs enfants, j'avoue que j’aime particulièrement cettui-ci. Sophonisbe a ses passions plus étendues: mais Virginie la surpasse de beaucoup en la diversité de la peinture et de ses incidents. Ce n'est pas que mon jugement veuille prescrire le tien, ce sont deux différents visages, dont les beautés ou les défauts doivent être différemment confidérés. Tu prendras la peine de les voir, en attendant Les Galanteries du Duc d'Ossonne, qui sortira bientôt de dessous la presse. Adieu.
"Cettui-ci" est très fréquent encore chez Guez de Balzac, écrivain très réputé en son temps pour la qualité de sa prose, et surnommé "le restaurateur de la langue française". Rotrou l’utlise également dans ces mèmes années. Pour Frdinand Bruneau (Histoire de la langue française des origines à 1900, t.III, 1re partie, Paris: Armand Colin, 1930, pp.291-292), ce démonstratif était encore en usage au début du siècle mais il est tombé peu à peu en décadence.
EXTRAIT DU PRIVILÈGE
Le Roi par ses Lettres de Privilège, datées du cinquième Février, mil six cents trente-cinq, signées, par le Roi én son Conseil, Le Comte, et scellées du grand seau de cire jaune, a permis au Sieur Mairet de faire imprimer, faire vendre et distribuer par tel Libraire ou autre que bon lui semblera, trois Livres de Théâtre, intitulés, La Sophonisbe, La Virginie et, Le Duc d'Ossonne. Faisant défenses à tous Libraires, Imprimeurs, et autres de quelque qualité qu'ils soient, d'imprimer lesdits Livres, en vendre ni distribuer par tout le Royaume, pays et terres de son obéissance, sans le consentement dudit sieur Mairet, ou ceux qui auront charge de lui, pendant le temps de neuf ans, à compter du jour qu'ils seront achevés d'imprimer, sur peine aux contrevenants de confiscation des exemplaires, et de trois cents livres d'amende; à condition qu'il sera mis deux exemplaires de chacun desdits Livres en la Bibliothèque du Roi: et un exemplaire de chacun en celle du Sr. Séguier Garde des Seaux, avant que de les exposer en vente, à peine de nullité du privilège, comme il est amplement porté par l'original des présentes.
Et le dit MAIRET a cédé et transporté le privilege à lui donné a PIERRE ROCOLET, Marchand-Libraire à Paris, pour en jouir entièrement, et pour le temps y porté suivant le Contract passé entre eux par-devant les Notaires de Paris.
Achevé d'imprimer le Mardi 22 Mai 1635.
Les deux exemplaires ont été baillés en la bibliothèque du Roi.
LES ACTEURS
CLÉARQUE, Roi de Thrace |
AMINTAS, Prince d’Épire, et amoreuxe d’Andromire |
PÉRIANDRE, Frère de Virginie |
PHILANAX, Fils d’Harpalice |
CALIDOR, Mage |
CHANCELIER |
CAPITAINE SCYTHE |
EURIDICE, Reine d’Épire, ennemie de Cléarque |
ANDROMIRE, Cousine d’Euridice, et amoureuse de Périandre |
VIRGINIE |
HARPALICE, Gouvernante d’Andromire |
ZÉNODORE, Neveu d’Harpalice |
PHARNACE, Neveu d’Harpalice |
CHANCELIER: “premier officier de la Couronne en ce qui regarde la justice” (Antoine Furetière: Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots français tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et des arts, 3 tomes, à La Haye et à Rotterdam: chez A. et R. Leers, 1690).
ACTE I
SCÈNE I
On maintient la forme archaïque “voyent”, de sorte que le mot compte pour deux syllabes.
dans la ville à notre aise logés;
SCÈNE II
SCÈNE III
Vieux mot qui signifiait «combien de fois».
à nature ai-je fait des reproches,
Ces trois vers forment un aparté.
.
SCÈNE IV
ACTE II
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
Fin du deuxième acte
ACTE III
SCÈNE I
Nous corrigeons ici l’original «Andromire» erronée par «Amintas».
Nous corrigeons encore l’original «Andromire» erronée par «Amintas».
Nous corrigeons «Andromire» par «Amintas».
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÈNE V
SCÈNE VI
L’accord du participe passé avec le régime direct précédant le verbe auxiliaire est souvent violé au XVIIe siècle, surtout chez les auteurs anciens.” (A. Haase: Synthase française du XVIIe siècle. Traduite par M. Obert. Paris: Alphonse Picard et Fils, 1898. Nouvelle édition, Paris-Munich: Delagrave-M. Hubert, 1965, p. 214).
rompue à deux pas de son maître.
SCÈNE VII
Ce vers est un aparté.
,
SCÈNE VIII
Proposition pour “avant”, dont l’emploi será condamné par Vaugelas, étant donné qu’auparavant est adverbe et ne peut pas jouer le ròle d’une préposition. (Claude Favre de Vaugelas: Remarques sur la langue française: utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire. Paris: Pierre le Petit, 1647 -Paris: Éditions Champ Libre, 1981).
cet invincible orage,SCÈNE IX
SCÈNE X
Dans ce vers Harpalice se parle à elle-même.
:
Ces trois vers forment un aparté, Harpalice se parle à elle-même.
?SCÈNE XI
Ce vers est un aparté.
!
SCÈNE XII
Fin du troisième Acte
ACTE IV
SCÈNE I
SCÈNE II
Le “coup fourré” appartient au vocabulaire de l’escrime: dans un combat au fleuret, à l'épée, se dit quand chacun des deux adversaires en même temps donne et reçoit un coup. Et, figurément faire un coup fourré, se rendre mutuellement et en même temps de mauvais offices. Ils ont fait un coup fourré.
Et contre cet assaut je sais un coup fourré
Par qui je veux qu'il soit de lui-même enferré:
Molière: L’Étourdi ou Les Contre-Temps, III, 5, vv. 1165-1166).
Elle demeure seule en scène.
SCÈNE III
Fin du quatrième Acte
ACTE V
SCÈNE I
Ce vers est un aparté.
.SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÊNE V
SCÈNE VI
SCÈNE VII
L'édition moderne de l'ouvrage ne corrige pas le texte original: laissez-vous, pour laissez-vous (Jean Mairet: Théâtre complet. Édition critique sous la direction de Georges Forestier. Tome III: La Virginie; Les Galanteries du duc d'Ossonne vice-roi de Naples; L'Illustre corsaire. Textes établis et commentés par Hélène Baby, Jean-Marc Civardi, Anne Surgers. Paris: Honoré Champion, 2010, p. 178).
d'insensibles murailles,
SCÈNE VIII
Forme du subjonctif du verbe «dire» qui perdura dans le siècle.
,
SCÈNE IX
SCÈNE DERNIÈRE