Texto utilizado para esta edición digital:
Mairet, Jean. La Sylvie. Édité et annoté par Ángeles García Calderón, pour la Bibliothèque Numérique EMOTHE. Valencia: ARTELOPE / EMOTHE Universitat de València, 2021.
NORMES SUIVIES POUR L’ÉDITION DE LA SYLVIE
-Nous avons modernisé l’orthographe, dans toute la mesure du possible (i par j, u par v, & par et, s par x, etc.), étant donné que ‘au XVIIe siècle l’orthographe varie, sans obéir le plus
souvent à des principes généraux d’une pièce à l’autre et d’un imprimeur à l’autre.
-La ponctuation est modernisé pour les mèmes raisons que l’orthographe.
-Nous avons conservé la majuscule initiale des noms communs (Prince, Écu, Roi, Capitaine, etc.).
-Nous avons maintenu l’usage de la minuscule après les points d’interrogation et d’exclamation.
-Nous avons supprimé l’espace entre les mots, suivant la graphie moderne (lors que, bon jour, quelque fois, etc.).
-Nous avons modernisé l’orthographe et les conjugaisons des verbes, supprimant les
imparfait et les conditionnels en –oi, sauf en cas de rime.
-De même, nous avons supprimé les trémas et les cédilles.
-Nous avons supprimé le tiret ou l’apostrophe qui sépare deux syllabes, de même que
les tirets qui unissent deux mots; également avec l’accent qui apparaît sur les ou, conjonction de coordination.
-On a ajouté des accents sur les mots qui n’en comportent pas dans l’editio princeps, surtout sur l’A prépositionnel lorsqu’il est en majuscule.
-On a doublé les consonnes, et ajouté un tiret entre deux mots selon l’usage actuel.
-En ce qui concerne le commencement des vers, la tradition veut que le premier mot
d’un vers porte la majuscule, qu’il y ait ou non un signe de ponctuation à la fin
du vers précédent. Cependant, en poésie moderne on trouve souvent la minuscule au
premier mot du vers.
-Toutes les voyelles en majuscules, en début de vers sont écrites avec un accent grave,
ou circonflèxe (ô) même si les textes français maintiennent la pratique habituelle de ne pas les accentuer.
LA SYLVIE DU SIEUR MAIRET.
Tragi-Comédie Pastorale.
Dediée à Monseigneur de Montmorency.
Paris: François Targa. 1630
A MONSEIGNEUR DE MONTMORENCY; DUC, PAIR, & GRAND Admiral de France, &c.
MONSEIGNEVR,
Quand je n'aurais pas l’honneur d'être à vous,comme je l’ai, & que le don que je vous
ai fait de moi du jour que mon affection & mon bonheur m'attachèrent à vôtre service,
ne m'eût pas ôté la liberté de disposer de mes actions; je ne sais point de Seigneur
en France à qui plus justement qu'à vous je puisse présenter comme je fais les premiers
fruits de mon étude. Si j'étais assuré de leur bonté, je ne douterais point qu'ils
vous fussent agréables, & n’importunerais pas vôtre Grandeur en la priant de les recevoir,
la facilité qu'elle a toujours eu à pratiquer les bonnes choses est une marque infallible
de son inclination à les aimer. J'oserai dire, MONSEIGNEUR, sans vous flatter, que
vous êtes peut-être le seul de votre condition en qui l’on remarque aujourd'hui plus
de perfections, & moins de defauts, & de qui les honnêtes gens ont toujours eu plus
de sujets de se louer. Je laisse à part les actions de courage, qu'on ne saurait mieux
relever que par la comparaison de celles de vos Ancêtres. Où trouvera-t-on un Seigneur
après vous qui dans la corruption du siècle ait conservé de l'amour pour les bonnes
lettres, jusqu'au point de leur établir des pensions sur le plus clair de son revenu?
Toute la France est témoin de ce que vous avez fait pour un de ses plus beaux Esprits,
à qui votre seule protection a donné lieu de témoigner son innocence. Il a plutôt
manqué de vie que de reconnaissance: & je m'assure que le plus grand regret qu'il
ait encore dans le tombeau, c'est de n'avoir pas laissé dans ses Écrits de quoi repousser
la calomnie de ceux qui voudraient l'accuser d'ingratitude en votre endroit. De moi
qui chéris sa mémoire parfaitement, plutôt que de souffrir qu’on l'obscurcisse d'une
si noire tache, je mêlerai son intérêt avec le mien, m'efforcerai de tout mon pouvoir
de m'acquitter d'une dette commune, que la mort ne lui permit pas de vous payer. Cependant
recevez, s'il vous plaît ces prémices de ma jeunesse: c'est tout ce que je puis rendre
aujourd'hui à Votre Grandeur, en reconnaissance de tant de bienfaits que j'ai reçus
d'elle depuis deux ans que j'ai la gloire d'être,
MONSEIGNEUR,
Votre très humble, très obéissant, & très obligé serviteur,
MAIRET
ARGUMENT DE LA SYLVIE
FLORESTAN Prince de Candie devient au moureux de la Princesse Méliphile après en avoir vu le portrait dans un Écu que Thyrsis, Chevalier errant, avait rapporté: Il s'embarque secrètement à dessein de l'aller trouver en Sicile, où Thélame, frère de la Princesse Méliphile, prend tous les jours l'habit de Berger pour vivre plus librement avec la Bergère Sylvie, dont l'esprit ne le ravit pas moins que la beauté. Elle est importunée des poursuites de Philène, qui voyant que ses longs services ne pourraient jamais l'obliger tant qu'elle aurait de l'amour pour ce Prince, après en avoir averti son père le vieil Damon, qui lui en fait une réprimende, se sert de l'invention d'un moucheron pour faire croire à Sylvie que Thélame la trahit; pour venir à bout de sa ruse, il se sert de la simplicité de Dorise, Bergère qui l'aimait autant comme lui la méprisait. Cependant le Roi de Sicile, averti des Amours de son fils, délibère de le marier avec l'Infante de Chypre: il propose ce mariage au jeune Prince, & lui en fait encore parler par Timaphère, homme persuasif & Capitaine de ses Gardes, qui toutefois ne gaigne rien sur son esprit. Le Roi, connaissant bien que l'aversion qu'il avait du mariage était un effet de la passion qu'il avait pour Sylvie, se résout de la faire mourir; son Chancelier lui remontre les malheurs qui en pourraient arriver; il change en fin de dessein, & punit ces deux Amants par un enchantement merveilleux. Florestan quelque temps après arrive en Sicile par un naufrage, il apprend de Philène & de Dorise les circonstances de cette aventure; & comme le Roi se repentant de sa cruauté avait promis solemnellement sa fille en mariage à quiconque viendrait à bout de cet enchantement, qui ne pouvait être rompu que par un Chevalier extrêmement vaillant, il tente ľaventure, chasse les Démons, casse le Miroir enchanté, & délivre les deux Amants, qui sont mariés par le commandement de l'oracle, & le consentement du Roi; Florestan épouse Méliphile; & Philène, hors d'espoir de posséder Sylvie, reconnaît la fidelité de sa Dorise, la prenant en mariage.
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
Ami Lecteur, tu trouveras deux sortes de fautes en ce Livre, que la curiosité de mes amis fait voir au jour malgré moi, n'ayant jamais eu dessein de rendre mon ignorance publique: les unes sont de l'Imprimeur, & les autres viennent de moi; pour celles-ci je les abandonne d'aussi bon cœur à ta censure, que je te prie de pardonner à celles-là, d'en remettre le châtiment à une autre Édition.
AU SIEUR MAIRET
MAIRET cette belle SYLVIE
Que la Scène chérit si fort,
Te donnera malgré la mort
Le bien d'une éternelle vie.
L.T.N.
LES ACTEURS
SYLVIE, Bergère |
THÉLAME, Prince de Sicile |
PHILÈNE, Berger |
FLORESTAN, Prince de Candie |
THYRSIS, Chevalier errant |
MÉLIPHILE, Sœur de Thélame |
DORISE, Bergère |
DAMON, Père de Sylvie, Berger |
MACÉE, Mère de Sylvie |
AGATOCLÈS, Roi de Sicile |
LE CHANCELIER |
TIMAPHÈRE, Capitaine |
PAGE, PAGE |
ACTE I
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE II
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE 3
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
ACTE IV
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE V
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III