Texto utilizado para esta edición digital:
Jodelle, Etienne. L’Eugène [1574], Edité par José Enrique López Martínez, pour la collection EMOTHE. Valence : ARTELOPE Universitat de València, 2017.
- López Martínez, José Enrique (Artelope)
Note à cette édition numérique
Texte de base : L’Eugene, dans Les œuvres et melanges poétiques d’Étienne Jodelle, sieur du Limodin. Premier volume. Paris, Nicolas Chesneau... et Mamert Patisson, 1574, ff. 189r-222v. Bibliothèque Nationale de France, Rés. Ye-450.
PERSONNAGES DE LA COMÉDIE D’EUGÈNE
EUGÈNE, abbé |
MESSIRE JEAN, chapelain |
GUILLAUME |
ALIX |
FLORIMOND, gentilhomme |
ARNAULT, laquais |
PIERRE, homme de Florimond |
HÉLÈNE, sœur de l’Abbé |
MATTHIEU, créancier |
Prologue
Assez, assez, le poète a pu voir
l'humble argument, le comique devoir,
les vers demis, les personnages bas,
les mœurs repris, à tous ne plaire pas :
pour ce qu'aucuns, de face sourcilleuse,
ne cherchent point que chose sérieuse :
aucuns aussi de fureur plus amis,
aiment mieux voir Polydore à mort mis,
Hercule au feu, Iphigène à l'autel,
et Troie à sac, que non pas un jeu tel
que celui-là qu'ore on vous apporte.
Ceux-là sont bons, et la mémoire morte
de la fureur tant bien représentée
ne sera point : mais tant ne soit vantée
des vieilles mains l'écriture tant brave,
que ce poète en un poème grave,
s'il eût voulu, n'ait pu représenter
ce qui pourrait telles gens contenter.
Or pour autant qu'il veut à chacun plaire,
ne dédaignant le plus bas populaire,
et pour ce aussi que moindre on ne voit être
le vieil honneur de l'écrivain adextre,
qui brusquement traçait les comédies,
que celui-là qu'ont eu les tragédies.
Voyant aussi que ce genre d'écrire
des yeux français si longtemps se retire,
sans que quelqu'un ait encore éprouvé
ce que tant bon jadis on a trouvé,
a bien voulu dépendre cette peine,
pour vous donner sa comédie Eugène ;
à qui ce nom pour cette cause il donne,
Eugène en est principale personne.
L'invention n'est point d'un vieil Ménandre,
rien d'étranger on ne vous fait entendre :
le style est nôtre, et chacun personnage
se dit aussi être de ce langage,
sans que brouillant avecque nos farceurs
le saint ruisseau de nos plus saintes sœurs,
on moralise un conseil, un récit,
un temps, un tout, une chair, un esprit,
et tels fatras, dont maint et maint folâtre,
fait bien souvent l'honneur de son théâtre.
Mais retraçant la voie des plus vieux,
vainqueurs encor du port oblivieux,
celui-ci donne à la France courage
de plus en plus oser bien davantage :
bien que souvent en cette comédie
chaque personne ait la voix plus hardie,
plus grave aussi qu'on ne permettrait pas,
si l'on suivait le latin pas à pas.
Juger ne doit quelque sévère en soi,
qu'on ait franchi du comique la loi,
la langue encor foiblette de soi-même
ne peut porter une foiblesse extrême :
et puis ceux-ci dont on verra l'audace
sont un peu plus qu'un rude populace,
au reste tels qu'on les voit entre nous.
Mais dites-moi : que recueilleriez-vous,
quels vers, quels ris, quel honneur, et quels mots,
s'on ne voyait ici que des sabots ?
Outre, pensez que les comiques vieux
plus haut encor on fait bruire des dieux.
Quant au théâtre, encore qu'il ne soit
en demi rond, comme on le compassait,
et qu'on ne l'ait ordonné de la sorte
que l'on faisait, il faut qu'on le supporte :
vu que l'exquis de ce vieil ornement
ore se voue aux princes seulement ;
même le son qui les actes sépare,
comme je crois, vous eût semblé barbare,
si l'on eût eu la curiosité
de remouler du tout l'antiquité.
Mais qu'est-ce ci ? Dont vient l'étonnement
que vous montrez ? Est-ce que l'argument
de cette fable encore n'avez su ?
Tôt il sera de vous tous aperçu,
quand vous orrez cette première scène.
Je m'en tairai, l'Abbé me tient la rêne,
qui là-dedans devise avec son prêtre
de son état, qui meilleur ne peut être.
Jà, jà, marchant, enrage de sortir,
pour de son heur un chacun avertir,
et se vantant, si sa voix il débouche,
de vous brider désire par la bouche,
et qui plus est sous la gaye merveille
de dérober votre esprit par l'oreille.
ACTE I
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE II
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV.
ACTE III
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
ACTE IV
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
ACTE V
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÈNE V