Texto utilizado para esta edición digital:
Mairet, Jean. La Sophonisbe [1635]. Edité par José Enrique López Martínez, pour la collection EMOTHE. Valence : ARTELOPE Universitat de València, 2017.
- López Martínez, José Enrique (Artelope)
Note à cette édition numérique
Texte de base : La Sophonisbe. Paris, Pierre Rocolet, 1635. Bibliothèque Nationale de France, Rés. Yf-535.
À Monseigneur Messire Pierre Séguier, Garde des Sceaux de France
Monseigneur,
étant naturellement bienfaisant, comme vous êtes, et n’ayant jamais manqué de matière
pour le faire dignement paraître, puisque le plus belles charges du Parlement, que
vous avez soutenues avec tant de suffisance et de probité, sont les honorables degrés
par où l’on vous a fait monter à la grandeur de celle que vous exercez maintenant
; il est impossible que vous n’ayez observé que les bienfaits ont cela de propre de
rendre ceux qui les ont reçus plus hardis ou plus importuns à s’en procurer de nouveaux,
et qu’une première faveur est ordinairement semence d’une seconde. Pour moi, Monseigneur,
c’est en suite de la permission que vous m’avez donnée sous votre sceau de mettre
ma Sophonisbe au jour, que j’ose vous demander encore et que vous m’accorderez s’il vous plaît,
celle de vous la dédier, puisqu’il est vrai que je ne saurais mieux la mettre en lumière
qu’en lui communiquant quelque rayon de la vôtre, que tout le monde regarde comme
une des plus pures et des plus éclatantes de notre temps. Les témoignages que vous
avez rendus devant quelques-uns de mes amis, que cette pièce vous avait assez contenté
sur le théâtre, me font esperer qu’elle ne vous déplaira dans le cabinet, si ce n’est
point pécher contre le bien public que de lui dérober une heure de votre loisir pour
ma satisfaction particulière. Cependant, Monseigneur, quelque bonheur ou quelque applaudissement
qu’ait eu cette tragédie, qui se peut vanter d’avoir tiré des soupirs des plus grands
cœurs et des larmes des plus beaux yeux de France, je ne laisse pas de vous demander
grâce pour elle et pour moi, ne doutant pas qu’avec les clartés d’esprit et de jugement
que vous avez, vous n’y remarquiez des défauts qui n’ont pas été découverts jusques
ici. C’est pourquoi ne treuvez pas mauvais que j’essaie en ceci de vous corrompre,
afin de vous avoir plutôt en qualité de favorable protecteur que de juge équitable.
J’aurais trop à craindre pour moi si vous me vouliez faire justice et me juger selon
mes œuvres qui n’ont rien de rare ou de bon, que de porter en tête un caractère que
la médisance ni les années ne pourront jamais effacer ; je veux dire ce très illustre
nom de Séguier que vous portez, et qui fut autrefois de si bonne odeur en la personne
de ce gran président votre oncle, de glorieuse mémoire, de qui l’amour pour les bonnes
lettres, l’integrité de vie pour soi-même, et la justice pour tout le monde revivent
en vous comme en son digne et véritable successeur. Je suis, Monseigneur, votre très
humble et très obéissant serviteur, Mairet.
Au lecteur
le sujet de cette tragédie est dans Tite-Live, Polybe, et plus au long dans Appien Alexandrin. Il est vrai que j’y ai voulu ajouter pour l’embellissement de la pièce et que j’ai même changé deux incidents de l’histoire assez considérables, qui sont la mort de Syphax, que j’ai fait mourir à la bataille afin que le peuple ne treuvât point étrange que Sophonisbe eût deux maris vivants ; et celle de Massinisse, qui vécut jusques à l’extrême vieillesse. Les moins habiles doivent croire que je n’ai pas alteré l’histoire sans sujet, et les plus delicats verront, s’il leur plaît en prendre la peine, la défense de mon procédé dans Aristote. Sane constat ex his non poetæ esse ipsa facta propria narrare, sed quemadmodum geri quiverint, vel verisimile vel omnino necessarium fuerit, etc. Et pour les modernes, qu’ils aient la curiosité de me voir justifier dans les deux discours que le comte Prosper Bonarelli adresse à un de ses amis, nommé Antoine Brun, pour son Soliman, que j’espère habiller un de ces jours a la française : c’est en la dernière impression de l’année MDCXXXII. Tant y a que je fais faire à Massinise ce qu’il devait avoir fait, et que la fin de la tragédie étant la commisération, je ne la pouvais pas mieux treuver qu’en le faisant mourir. Si je mets jamais ma Cléopâtre au jour, je m’étendrai davantage sur cette matière ; cependant l’expérience a montré sur le théâtre que je n’ai point mal fait de m’eloigner un peu de l’histoire.
LES PERSONNAGES QUI PARLENT
SYPHAX, roi de Numidie |
PHILON, général de Syphax |
MASSINISSE, ennemi de Syphax |
SCIPION, consul romain |
LÉLIE, lieutenant de Scipion |
CALIODORE, domestique de Sophonisbe |
ARISTON, soldat romain |
SOPHONISBE, femme de Syphax et amoureuse de Massinisse |
PHÉNICE, [confidente] |
CORISBÉ, [confidente] |
[PHILIP] |
[Soldats] |
Acte I
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
Acte II
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
Acte III
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
Acte IV
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
Acte V
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÈNE V
SCÈNE VI
SCÈNE VII
SCÈNE VIII