Texto utilizado para esta edición digital:
Corneille, Pierre. La Place Royale, ou l'Amoureux extravagant. Comédie [1637]. Edité par José Enrique López Martínez, pour la collection EMOTHE. Valence : ARTELOPE Universitat de València, 2017.
- López Martínez, José Enrique (Artelope)
Note à cette édition numérique
Text de base : La place Royale, ou l’Amoureaux extravagant. Comédie. Paris, Augustin Courbé, 1637. Bibliothèque Nationale de France, Rés. Yf-717.
À Monsieur ***
Monsieur,
J'observe religieusement la loi que vous m'avez prescrite, et vous rend mes devoirs
avec le même secret que je traiterais un amour si j'étais homme à bonne fortune. Il
me suffit que vous sachiez que je m'acquitte, sans le faire connaître à tout le monde,
et sans que par cette publication je vous mette en mauvaise odeur auprès d'un sexe
dont vous conservez les bonnes grâces avec tant de soin. Le héros de cette pièce ne
traite pas bien les dames, et tâche d'établir des maximes qui leur sont trop désavantageuses,
pour nommer son protecteur ; elles s'imagineraient que vous ne pourriez l'approuver
sans avoir grande part à ses sentiments, et que toute sa morale serait plutôt un portrait
de votre conduite, qu'un effort de mon imagination. Et véritablement, Monsieur, cette
possession de vous-même, que vous conservez si parfaite parmi tant d'intrigues ou
vous semblez embarrassé, en approche beaucoup. C'est de vous que j'ai appris que l'amour
d'un honnête homme doit être toujours volontaire, qu'on ne doit jamais aimer en un
point qu'on ne puisse n'aimer pas ; que si on en vient jusque là, c'est une tyrannie
dont il faut secouer le joug, et qu'enfin la personne aimée nous a beaucoup plus d'obligation
de notre amour, alors qu'elle est toujours l'effet de notre choix, et de son mérite,
que quand elle vient d'une inclination aveugle et forcée par quelque ascendant de
naissance à qui nous ne pouvons résister. Nous ne sommes point redevables à celui
de qui nous recevons un bienfait par contrainte, et on ne nous donne point ce qu'on
ne saurait nous refuser. Mais je vais trop avant pour une épître ; il semblerait que
j'entreprendrais la justification de mon Alidor, et ce n'est pas mon dessein de mériter
par cette défense la haine de la plus belle moitié du monde, et qui domine si puissamment
sur les volontés de l'autre. Un poète n'est jamais garant des fantaisies qu'il donne
à ses acteurs, et si les dames trouvent ici quelque discours qui les blessent, je
les supplie de se souvenir que j'appelle extravagant celui dont ils partent, et que
par d'autres poèmes j'ai assez relevé leur gloire, et soutenu leur pouvoir pour effacer
les mauvaises idées que celui-ci leur pourra faire concevoir de mon esprit. Trouvez
bon que j'achève par là, et que je n'ajoute à cette prière que je leur fait que la
protestation d'être éternellement, Monsieur, votre très humble, et très obéissant
serviteur, Corneille.
LES ACTEURS
| ALIDOR, amant d’Angélique |
| CLÉANDRE, ami d’Alidor |
| DORASTE, amoureaux d’Angélique |
| LYSIS, amoureux de Phylis |
| ANGÉLIQUE, maîtresse d’Alidor et de Doraste |
| PHYLIS, sœur de Doraste |
| POLYMAS, domestique d’Alidor |
| LYCANTE, domestique de Doraste |
ACTE PREMIER
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE SECONDE
SCÈNE TROISIÈME
SCÈNE QUATRIÈME
ACTE II
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE SECONDE
SCÈNE TROISIÈME
SCÈNE QUATRIÈME
SCÈNE CINQUIÈME
SCÈNE SIXIÈME
SCÈNE SEPTIÈME
ACTE III
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE SECONDE
SCÈNE TROISIÈME
SCÈNE QUATRIÈME
SCÈNE CINQUIÈME
SCÈNE SIXIÈME
SCÈNE SEPTIÈME
SCÈNE HUITIÈME
ACTE IV
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE SECONDE
SCÈNE TROISIÈME
SCÈNE QUATRIÈME
SCÈNE CINQUIÈME
SCÈNE SIXIÈME
SCÈNE SEPTIÈME
SCÈNE HUITIÈME
ACTE V
SCÈNE PREMIÈRE
SCÈNE SECONDE
SCÈNE TROISIÈME
SCÈNE QUATRIÈME
SCÈNE CINQUIÈME
SCÈNE SIXIÈME
SCÈNE SEPTIÈME
SCÈNE [HUITIÈME]
