Texto utilizado para esta edición digital:
Accademia degli Intronatti, Les Abusez. Dana F. Sutton (transcription), Charles Estienne (trad.) En The Philological Museum (The University of Birmingham)
- Romeu Guallart, Luis María (Artelope)
LE PROLOGUE
En ce Prologue, ne se declare totalement l’argument de la Comedie, car il est assez explique au discours d’icelle, mais se traite d’vn debat qui fut entre les Intronati & les Dames Senoises, à cause d’vne autre Comedie, qui auoit au precedant esté iouée vn iour des Roys, laquelle touchoit leur honneur.
Ie cognois desia bien d’icy (mes nobles Dames) que vous esmerueillez de me voir deuant voz presences en cest habit, & aussi de l’apareil quicy est, comme si nous auions à vous iouër quelque Comedie. Comedie, ne le pensiez-vous point, car mesmement des l’année passée, vous peustes bien cognoitre, que les Intronati taschoient d’apliquer leurs espritz ailleurs qu’en Comedies. D’auantage, encores vistes vous bien l’autre jour quelle pouuoit estre leur fantasie, touchant voz menuz fatras, & comment ilz ne cherchoient plus voz pratiques, ne vouloient plus courir apres vous, comme ceux à qui ne plaist d’estre morts si asprement, ne si souuent tenuz en propos, & touchez iusques au vif de vous autres. Et à ceste cause, bruslerent (comme bien vistes) toutes ces petites brouilleries, qui leur pouuoient faire dresser la fantasie, & croistre l’apetit de vous, & de voz choses. Or maintenant ie vous vueil chasser ce grand esmoy hors de la teste. Les Intronati, mes Dames, pour vous dire la verité, & m’en croyez, s’il vous plaist (car ie les en ay ouy deuiser) se plaignent grandement d’estre entrez en ceste frenaisie, ou ilz sont à present, & ont grand’ peur, que vous (comme celles qui auez dequoy le faire) ne prenez leurs besongnes à belle pointe, de sorte qu’à l’auenir vous leur vueillez arrester la langue, & leur tourner les espaules, à chacune fois que les verrez. Et pour ceste cause, m’ont poussé icy deuant vous, comme pour leur Embassadeur, Orateur, Legat, Procureur, Poëte, prenez le ainsi que mieux vous entrera en la fantasie. Et qu’ainsi soit, ne pensez pas que ie n’en aye belle commission, & bien séellée. Promettez moy doncques vostre foy, que vous m’en croyrez, ou autrement il sera force que ie la vous monstre tout à present, car ie l’ay aportée icy quant & moy. Ie vous auertis, mes amys, que ie suis cy arriué tout à propos, pour faire ceste paix, & vous r’atacher ensemble auecques eux, mais que vous en soyez bien contentes, celà s’entend, car pour vous dire la verité, sans vous, leurs besongnes demeurent toutes froides, & presque perdues, & si vous n’y mettez ordre, elles sont bien taillées de demeurer là. Faites les doncq’, hé faites le, mes Dames, ie vous en suplie, ie suis asseuré qu’il vous en prendra mieux. Ne cognoissez-vous pas bien leur nature ? croyez que si vous leur monstrez vne fois voz yeux quelque petit amyables, & debonnaires, ilz se lerront manier de vous à plaisir, & porter en voz bouches (i’entens de vous seules, toutesfois, & non d’autres, car ie doute qu’ilz n’y pourroient fournir si à l’ayse) ilz se lerront deschirer par vous, & toucher au vif de voz paroles & faitz. Ilz permettront que soyez les maistresses en tout & par tout, de sorte que vous serez tousjours les premieres. Or, que demandez-vous d’auantage maintenant, en estes-vous contentes ? dites ? le ferez-vous, ou non ? vous n’en sonnez mot ? En ne le nyant point, celà me semble bon signe. Voyez, mes Dames, s’ilz ont grand vouloir de faire cest apointement auecques vous, que quasi en moins de trois iours ilz ont composé vne Comedie, laquelle ont deliberé ce iour d’huy de vous faire voir & ouyr, si vous y voulez entendre. Par ce moyen, vous sçauez desia que signifie cest apareil, qui ie suis, & que c’est que ie suis venu faire à l’entour de vous. Ceste Comedie, à ce que i’en ay peu entendre, ilz l’apellent Les Abusez : non pas pource qu’ilz se dient iamais auoir esté trompez de vous, non (car iamais ne les abusastes, ilz vous cognoissent trop) mais bien disent, que vous les auez tousiours contraints & eforcez, de sorte qu’ilz ne s’en sont iamais peu garder si bien comme ilz deuoient. Ilz apellent la comedie en ceste sorte, pource que vous verrez peu de ioueurs en ceste fable, qui ne se treuuent en la fin des abusez. Mais il y a vne certaine maniere d’abus & tromperie entre les autres, que pleust à Dieu, pour le mal que ie vous voudrois, mes Dames, que vous fussiez en ceste sorte souuent trompées, & moy i’en fusse le trompeur, car ie n’aurois iamais peur que la trompeuse me mist bas. La fable est toute nouuelle forgée, & non prise d’autre lieu, que de leur industrieuse caboche, de laquelle furent aussi tirez voz beaux lotz, la nuict des Roys, à cause desquelz vous sembla à voir, que les Intronati vous mordoient tant en matieres de declaration, que fustes contraintes dire qu’ilz auoient les pires langues du monde, mais il est bon à voir que vous ne les auiez pas essayées, car vous n’en eussiez iamais tenu telz propoz, mais plustost les eussiez defenduz vaillamment, en maintenant tousiours leurs querelles, comme bonnes compagnes, en tous lieux qu’il en seroit de besoing. Ie suis seur qu’il en y aura qui diront, que c’est icy vne salade de meslanges, à telles gents ie ne me vueil tant eforcer de respondre, pource que telle que sera ceste Comedie, il me sufist, qu’elle plaise seulement à vous autres Dames, auxquelles les Intronati se sont de tous leurs engins tousiours eforcez à complaire principalement. Et ne font doute que le cas ne sortisse son efait, ainsi qu’ilz l’entende, si ce n’est par fortune qu’il y en ayt d’entre vous quelqu’vnes qui enchargent auxquelles le plus souuent n’a pas de coustume venir apetit de telz beaux spectacles, mais plustost vn desir de menger quelques charbons, quelque cyeure d’aiz, quelque tuileaux fricassez en beurre noir, quelque chaux viue deflayée auecq’ du vinaigre, & telles autres folies. Quant à ces hommes, c’est tout vn s’elle leur plaist, ou non, car les Intronati ont deliberé de faire en sorte, que nul d’eux la pourra ne voir n’entendre, s’il n’est aueugle. Et pourtant si à quelqu’vn de ces curieux, qui sont icy, venoit vn grand desir de la voir, ou entendre, qu’il se face arracher les yeux hors de teste, car autrement il ne la pourra voir. Ie suis asseuré que celà vous semblera estrange, que les aueugles la voyent, & toutesfois si sera il vray. Et vueil que vous entendiez comment, si vous auez tant de pacience que ie le vous die. Tout ce que le monde a de beau, sans doute il est au iour d’huy dans ceste ville, & tout ce que ceste ville a de beau, pour certain est à present en ceste salle. Celà ne se peult nyer vne fois, car celles qui n’y sont point, ie ne puis croire, qu’elles soient, ne belles, ne aupres de belles, puys qu’elles fuyent le paragon de vous autres. Comment voudriez-vous doncq’ que ces hommes peussent bien regarder, & voir noz Scenes & Comedies, ou qu’ilz peussent ouyr, ou entendre choses que nous facions, ou dissions, quand vous estes au deuant d’eux ? Voylà comment ie vous monstre, que les hommes, ne verront, ne orront ceste Comedie, s’ilz ne sont aueugles. Il vous sembleroit desia que i’eusse dit quelque grand’bourde, ne faisoit pas ? mais vous, nobles Dames, la verrez & orrez tresbien, pource qu’à la verité nous vous cognoissons si courtoises, que vous n’estes pour vous egarer, ou partir hors du sens, au moyen de ceste contemplation. Ne fault ia que ce pensent mes mignons, qui font tant de braues, mes perruquetz tant bien pignez, que pour auoir vne barbe bien parfumée, vne chausse bien tirée, ou pour auoir fait vne reuerance de demye lieuë loing, acompagnée d’vn souspir que l’on orroit bien du bout de la ville, vous facent à laisser cest affaire, pour entendre à eux, car ilz en pourroient bien estre abusez, & par ce moyen osteroient le nom à nostre Comedie. Mais puys que ie les voy si adonnez à vous contempler, qu’ilz n’entendent point ce que ie dy, ie me vueil vn bien peu mettre à deuiner auecq’ vous priuément, & à bon escient. Est il possible, ingrates Dames que vous estes, que les Intronati s’ayent à plaindre tousiours de vous & que par tout, ou vous soyez, il faille tant de fois retoucher vne mesme chose ? & que les grands trauaux qu’ilz endurent pour vous, & la grande peine qu’ilz prennent continuellement à vous louër, ne vous puisse ployer ou flechir à leur faire vne fois quelque petit plaisir. Hé, mettez-vous bas vn petit de par Dieu, & les apellez tous l’vn apres l’autre, & vueillez entendre ce qu’ilz vous diront, & qu’ilz vous demanderont. Car ie suis seur, que ce qu’ilz demanderont, n’est qu’vn petite folie, de laquelle vous auez en si grande abondance, & en estes si riches, que sans en perdre vne seule once, en pourriez liberalement faire part non seulement à eux, mais à toute ceste Cité. Dites moy par vostre ame, que pensez-vous qu’ilz vous demanderont ? Ie vous dy qu’ilz ne cherchent auoir autre chose de vous, que vostre bonne grace, & qu’il vous plaise prendre la cognoissance de leurs engins, à ce que sçachez qui l’a gros, & qui l’a menu, & que vous dissiez, cestuy me plaist, cestuy me desplaist, à fin, pour le moins, que ceux qui ne vous agréront puissent tourner leurs fantasies alieurs, & entendre à autre vacation. Mais ce me semble vn grand cas, que vous les vueillez tousiours tenir en ceste peine, & que ne vous vueillez vne pauure fois resouldre à ce benoist ouy. Sçauez-vous que ie vous voudrois dire ? gardez vous bien de ne les faire vne fois desesperer à bon escient, & vous souuienne de ce que ie vous dy, car ie sçay bien comment i’en parle. Vous estes Dames pour les perdre quelques fois tout à fait, & ne les pourrez plus recouurir à vostre ayse. Vous en repentirez quand il n’en sera plus temps, & tenez hardiment celà pour tout certain, car on n’est pas tousiours en vn estat, & vous sufise. Or maintenant qu’il m’en souuient, n’atendez point autre argument de la Comedie pour ceste heure, car celuy que i’auoye à vous faire, n’est pas encores paracheué, parquoy passez vous-en, s’il vous plaist, & vous sufise seulement de sçavoir, que ceste Cité que voyez là deuant, c’est Modena, i’entends pour ceste année, & les personnages qui viendront cy apres, sont pour la pluspart Modenoys, & pourtant s’il leur auenoit par fortune de faire quelque faulte au mouuoir de la langue, cela ne vous sera rien de merueille, car ilz ne l’ont pas encores trop bien aprise. Au reste, mes Dames, ie pense que vous auez la memoire si profonde, que tout y entrera facilement sans grand’ peine. Sur le tout pourrez tirer deux beaux enseignements de la presente Comedie, & sçaurez combien peult & vault la fortune es choses d’Amours, et combien aussi en icelles vault vne longue patience, acompagnée de bon conseil. Ce que deux ieunes filles, auec leur prudence, vous demonstreront facilement. Laquelle chose, s’il auient que suyuiez, & bien vous en prenne, vous en serez de tant obligées à nous. Ces hommes qui sont cy à l’entour, s’ilz ne prennent plaisir à noz folies, pour le moins ce gré nous deüront ilz sçauoir, que quatre grosses heures pour le moins nous leur donnerons ceste commodité, de pouvoir contempler à leur ayse voz diuines beautez. Mais pourtant que ie voy deux vieillards saillir dehors, ie m’en voys, toutefois que mal voluntiers ie laisse la veuë, de tant de belles choses. Mais i’ay espoir de vous reuenir voir encor’ vne fois. A Dieu tout le monde.
la traducción del prólogo original empieza en “Ie cognois desia bien...”
LES PERSONNAGES DE LA COMEDIE
| GERARD FOYANI, viellard |
| VIRGINIO, viellard |
| CLEMENCE, nourrisse |
| LELIA, fille de Virginio |
| SPELA, serviteur de Gerard |
| SCARISSA, serviteur de Virginio |
| FLAMINIO, gentilhomme amoureux |
| PASQUTTE, chamberiere de Gerard |
| YSABELLE, fille de Gerard |
| CRIVELLO, serviteur de Flaminio |
| MAISTRE PIERRE, pedagogue |
| FABRITIO, filz de Virginio |
| STRAGUALCIA, serviteur de pedagogue |
| LAISE, hoste |
| BROUILLON, hoste |
| FINETTE, petite fille de la nourisse |
Acte I
SCENE PREMIER
SCENE DEUXIESME
SCENE TROISIESME
SCENE QUARTE
SCENE CINQIESME
Acte II
SCENE PREMIERE
SCENE SECONDE
SCENE TROYSIESME
SCENE QUATREIESME
SCENE CINQIESME
"Fermez"
El editor, Dana F. Sutton, considera, quizás por error, que este parlamento pertenece a Ysabelle. Probablemente sea de Lelia. [Nota del editor digital]
SCENE SIXIESME.
SCENE SEPTIESME
Acte III
SCENE PREMIERE
SCENE SECONDE
SCENE TROISIESME
SCENE QUATREIESME
SCENE CINQUIESME
SCENE SIXIESME
SCENE SEPTIESME
"Vrayement"
El traductor indica que, en la edición que ha utilizado de base para traducir, esta intervención se adjudica a VIRGINO, pero señala su improbabilidad. Realmente es una intervención de GHERARDO. [Nota del editor digital]
Acte IV
SCENE PREMIERE
SCENE SECONDE
SCENE TROYSIESME
SCENE QUATREIESME
SCENE CINQUIESME
SCENE SIXIESME
SCENE SEPTIESME
SCENE HUICTIESME
Acte V
SCENE PREMIERE
SCENE SECONDE
SCENE TROISIESME
SCENE QUATREIESME
SCENE CINQIESME
SCENE SIXIESME
